Il y a une controverse entre le gouvernement et le fabricant de voitures Stellantis concernant la production de la prochaine Peugeot 208 électrique. L’enjeu réside dans le lieu d’implantation des usines de production en France. Et l’ambiance se fait de plus en plus tendue.
Il s’agit d’une situation inhabituelle : nous venons d’être témoins d’une confrontation subtile mais tranchée entre deux figures de proue de l’industrie française. D’un côté, nous avons le ministre de l’Économie, Bruno Le Maire et de l’autre, Carlos Tavares, le PDG de Peugeot qui est maintenant à la tête de Stellantis. En usant de manières polies mais déterminées, ils ont parfaitement mis en évidence le débat concernant la réindustrialisation du territoire français.
A présent, la Peugeot 208 est assemblée en Slovaquie et il est prévu qu’elle soit bientôt produite en Espagne. Pourtant, le ministère de l’Économie cherche à convaincre le groupe automobile de rapatrier entièrement la production en France, suite à une décision prise en 2019 par PSA. Stellantis, la société mère de PSA, devrait dévoiler ses plans en novembre prochain et la tension entre les deux parties est palpable. Les deux camps sont en négociation en coulisse et la rivalité médiatique à laquelle nous sommes témoins est une partie intégrante de la stratégie de communication face au grand public.
Les arguments de chacun
Selon le ministre de l’Économie, la situation est simple : « Nous fournissons des aides, nous soutenons l’industrie, nous essayons d’encourager l’achat de voitures électriques dans le pays… J’aimerais que les industriels fassent également preuve d’un peu de patriotisme économique », insiste Bruno Le Maire. Carlos Tavares répond que l’équilibre financier lié à la délocalisation de la production de l' »e-208″ ne serait bénéfique ni pour l’entreprise, ni pour le pays. Le chef de Stellantis argue qu’il doit à la fois rendre ses voitures électriques abordables pour le grand public tout en couvrant les 30% de coûts supplémentaires par rapport aux modèles thermiques, une équation imbattable en relocalisant la 208 électrique en France. Le fardeau fiscal est encore trop lourd. Carlos Tavares affirme que sa position est simplement pragmatique et ne signifie en aucun cas un manque de patriotisme économique. Il continue d’investir en France pour d’autres modèles.
Le cas Toyota
Si la production en France est si complexe, pourquoi Toyota a-t-elle décidé de fabriquer la Yaris hybride sur notre sol ? Carlos Tavares stipule qu’il faut patienter et que l’avenir démontrera qui avait finalement raison. Le PDG de Stellantis doute sérieusement de la viabilité de la production rentable de petites voitures en France. Son argument est que les subventions et les aides diverses ont frayé une voie royale aux constructeurs chinois qui ont désormais une avance certaine.