L’association Nos Services Publics réclame plus de réglementations concernant l’utilisation des firmes de conseil. Cette habitude a été critiquée par la Cour des Comptes en début de semaine.
« Nous avons besoin d’une réglementation plus stricte sur l’utilisation des sociétés de conseil et de moins de restrictions sur l’embauche de collaborateurs » déclare ce lundi à 42mag.fr, le porte-parole du collectif Pour Nos Services Publics, Arnaud Bontemps.
La Cour des comptes affirme ce lundi que le gouvernement permet à ces sociétés privées d’effectuer des tâches qui font partie du « domaine de compétence de l’administration » et exige une clarification des règles qui encadrent leur utilisation « excessive ».« Certaines réglementations empêchent le gouvernement d’embaucher, mais l’autorisent à rémunérer une société de conseil », regrette Arnaud Bontemps qui souhaite donc un « réajustement dans le futur ».
Franceinfo : Ces conclusions de la Cour des comptes vous ont-elles surpris ?
Arnaud Bontemps : Elles ne sont pas vraiment une surprise. L’opinion publique était déjà au courant de l’augmentation significative du recours aux sociétés de conseil. La Cour des comptes estime leur coût à 875 millions d’euros par an pour la seule année 2021. Donc, cela soulève naturellement des questions de transparence, de supervision et de capacité du gouvernement à accomplir ses missions.
Comment différencier un usage pertinent d’un usage inapproprié des sociétés de conseil ?
Un usage pertinent des sociétés de conseil est un usage qui est délibérément choisi. Or, très souvent dans l’administration, nous n’avons pas le choix. Depuis 2006, certaines normes inscrites dans les règlements budgétaires empêchent le gestionnaire de l’Etat d’embaucher un collaborateur, mais lui permettent de payer une société de conseil. Ce que pointe la Cour des comptes, et ce que le Sénat avait déjà souligné, c’est que le recours aux sociétés de conseil est trop souvent devenu un automatisme.
Qui a cet automatisme ? Est-ce le ministre lui-même, son cabinet ou les administrations ?
Cela varie beaucoup. Généralement, cela ne remonte pas jusqu’au niveau du ministre. Ce sont plutôt les gestionnaires, sous pression. Il y a souvent une culture qui soutient que le privé serait plus efficace que le public, donc moins coûteux, plus adaptable et plus compétent.
Où est l’équilibre entre ce que vous demandez, plus de flexibilité pour les administrations, et la Cour des comptes qui souhaite plus de règles ?
Je pense qu’il faut véritablement les deux et que ces objectifs ne sont nullement incompatibles. Nous avons besoin d’une réglementation plus stricte concernant l’utilisation des sociétés de conseil et, par opposition, de moins de restrictions pour l’embauche de collaborateurs. C’est donc un équilibre entre les deux qui, manifestement, a trop penché en faveur des sociétés de conseil au détriment des services publics, et qui nécessite d’être réajusté dans le futur.