Vêtu de manière décontractée de tongs et d’une chemise blanche ample, le metteur en scène et acteur britannique Tim Crouch a de quoi sourire. Il a deux pièces au festival d’Avignon cette année, la première fois qu’il se produit en France. Et l’adaptation française d’une de ses pièces se trouve dans le cadre du festival « off ». Pas un mauvais début.
Pour une raison qu’il ne comprend même pas, Tim Crouch n’a jamais fait de show en France. Son travail a fait le tour du reste de l’Europe pendant des années, mais ici, en France, son travail n’est découvert que maintenant.
Il est l’un des nombreux anglophones invités cette année au 77e édition du Festival d’Avignon qui se déroule jusqu’au 25 juillet, où l’anglais est la langue d’honneur. De toute évidence, Croupton est choqué par toute l’attention.
« Ce lieu est extraordinaire, ce cloître dans le sud de la France, avec des martinets dans le ciel et des chauves-souris qui volent au-dessus de nos têtes. Et des oiseaux qui se posent dans les deux platanes de chaque côté de ma pièce… et puis une salle pleine de 470 personnes qui ont écouté, qui ont semblé réceptives aux idées. Il y a eu beaucoup d’amour, et il y a eu du champagne après… ça fait du bien », a-t-il déclaré à 42mag.fr.
Assis pour discuter au lendemain de la première de « An Oak Tree », Crouch ne tarit pas d’éloges sur sa partenaire Natacha Koutchoumov, qui était « tout ce que je pouvais souhaiter d’une actrice pour cette pièce. Elle était ouverte, vulnérable, émotionnellement disponible ». , réactif, technique ».
Le rôle du public
En les voyant ensemble dans le majestueux site patrimonial connu sous le nom de Cloître des Célestins, un ancien cloître religieux, on pourrait croire qu’ils ont travaillé ensemble pendant des années.
Le fait est qu’ils ne se sont rencontrés que quelques heures avant la représentation. Natacha n’avait pas vu le scénario, ni appris aucune réplique. Aucun des autres acteurs invités à « jouer » le deuxième rôle aux côtés de Crouch ne le fera non plus. Ils découvriront le texte en même temps que le public.
Grâce à une utilisation intelligente des microphones, des écouteurs et de la musique, Crouch alterne parler au public et parler par un canal différent au deuxième acteur, qui suit son exemple.
« An Oak Tree » traite du chagrin et de la transformation. Un père qui a perdu son enfant trouve du réconfort en croyant que sa fille a pris la forme d’un chêne. Crouch joue un hypnotiseur, dont l’histoire est intimement liée à la tragédie. Au fur et à mesure que la pièce se poursuit, le public découvre comment et pourquoi.
L’approche de Crouch peut sembler très risquée, mais il se nourrit clairement de ce chaos organisé. Il décrit son travail comme volontairement « incomplet ». Ce n’est pas qu’il soit paresseux, ironise-t-il, mais il attend que le public écrive la suite.

Ramenez la vie
Il s’est donné pour mission de redonner la « vivacité » qui, selon lui, manque au théâtre contemporain.
Le théâtre est devenu trop poli et trop répété, dit-il. Le public est tenu à distance et « on a l’impression de regarder quelque chose sur un écran », dit Crouch.
Crouch a passé une bonne partie de son début de carrière à travailler comme acteur pour d’autres sociétés. Il y a environ 20 ans, frustré par ce qu’il a décrit comme « un statut culte » entourant les acteurs, il a commencé à écrire pour mettre l’accent sur le public, qui, selon lui, doit être responsabilisé.
Sa première pièce « My Arm », sur un jeune homme qui s’obstine à laisser son bras en l’air en guise de protestation vide, a été adaptée en français (« Mon Bras ») par Théophile Sclavis et fait partie du festival « Off » cette année.
Il est peut-être approprié que Shakespeare, une référence clé du théâtre anglais, et du théâtre en général, ait une place de choix à Avignon ainsi qu’une place spéciale dans le cœur de Crouch.
Au fil des ans, l’Anglais s’est inspiré du Bard, en prenant personnages mineurs et construire une histoire autour d’eux, explorant ainsi les œuvres classiques sous un tout nouveau jour.

Des questions
La deuxième pièce de Crouch dans le festival « Truth’s a Dog Must to Kennel », est inspirée du personnage du fou dans « King Lear » de Shakespeare. Il premié au festival Fringe d’Edimbourg en 2022.
« Shakespeare exerce une influence importante sur la façon dont nous pensons au théâtre, sur la façon dont nous nous percevons en tant qu’humains. Il a en quelque sorte inventé l’humain, en ce sens que c’était la première fois que l’idée de personnage ou d’identité était séparée de l’idée de divinités ou une structure religieuse », dit Crouch.
Seul sur scène, muni d’un casque de réalité virtuelle, Crouch questionne les différentes manières dont les mots peuvent résonner avec le public, et le pouvoir de la représentation. Qu’est devenu le théâtre depuis la pandémie de Covid et la surnumérisation ? Y a-t-il de la place pour le spectacle vivant dans notre monde ?
Grâce à Avignon, Croupton peut continuer à se poser ces questions, et peut-être trouver quelques réponses.