La majeure partie du sud de la France est désormais en alerte rouge aux chaleurs extrêmes, avec des températures qui devraient atteindre 42 degrés Celsius mercredi et jeudi. C’est la première fois que la France connaît une grave vague de chaleur fin août, et les experts climatiques estiment que c’est un signe inquiétant des choses à venir.
« Au niveau national, c’est la première fois qu’une canicule aussi intense est observée aussi tard dans l’été », indique Météo France.
Les températures en France ont atteint mardi un niveau record pour la fin août, a-t-il indiqué, avec certaines parties du sud-est atteignant près de 43 °C.
La température moyenne nationale sur 24 heures a atteint 27,1°C, a annoncé mercredi Météo France. Selon le service météorologique, des températures aussi élevées et continues n’ont jamais été observées aussi tard en été depuis 1947.
Les autorités ont désormais émis des alertes rouges, le niveau d’alerte maximum, pour 19 départements du sud de la France métropolitaine. 37 autres personnes sont en alerte orange, la deuxième en importance.
🔴 19 départements en Rouge
🔶 37 départements en Orange et l’Andorre pic.twitter.com/WJX6POkVQt— VigiMétéoFrance (@VigiMeteoFrance) 23 août 2023
Les résidents sont confrontés à une chaleur accablante depuis des jours, les températures baissant à peine la nuit.
« On ouvre toutes les fenêtres la nuit et le jour on ferme tous les volets. Quand on essaie de s’endormir à minuit, il fait encore chaud », Eric Chaupitre, qui habite dans le village de Saint-Mamans dans la Drôme. , l’un des départements en alerte rouge, a indiqué à 42mag.fr.
Il évite de sortir vers 11 heures du matin jusqu’au soir, dit-il.
« Vous ne pouvez rien faire. Dès que vous sortez, vous êtes anéanti par cette chaleur suffocante. C’est très sec, étouffant, voire accablant quand vous êtes dedans. »
« Nouvelle normalité »
Météo France s’attend à ce que la chaleur dure au moins tout au long de jeudi.
Cette semaine, ce n’est que la sixième fois que la France déclare une alerte rouge à la canicule depuis la mise en place de son système d’alerte en 2004. Une alerte maximale sur deux – en 2019, 2020 et 2022 – a eu lieu en juin, juillet ou début août.
À ce stade de l’été, les météorologues s’attendaient généralement à ce que la chaleur diminue – mais ce n’est plus le cas.
« Les canicules tardives ne sont pas normales, surtout en France », déclare Davide Faranda, chercheur en physique du climat au Centre national de la recherche scientifique (CNRS).
De tels événements sont historiquement associés à des pays plus au sud. Mais les experts du climat ont averti l’Europe de se préparer à des vagues de chaleur plus tôt et plus tard au cours de l’été en raison du réchauffement climatique.
« C’est la nouvelle normalité et cela n’est pas une surprise », a déclaré mardi le climatologue de l’Organisation météorologique mondiale, Alvaro Silva, lors d’un point de presse, faisant référence à ce que l’agence des Nations Unies a qualifié d' »été des extrêmes » dans le monde.
« La fréquence et l’intensité de nombreux phénomènes extrêmes, tels que les vagues de chaleur et les fortes précipitations, ont augmenté au cours des dernières décennies. Il existe une grande confiance dans le fait que le changement climatique induit par l’homme et dû aux émissions de gaz à effet de serre en est le principal facteur. »
La vie sous tension
Il en résulte des étés plus longs, plus chauds et plus secs, qui multiplient le stress sur la faune et sur les humains.
« Certaines parties de la Méditerranée subissent ces conditions caniculaires pratiquement depuis la mi-juin et il n’a pas plu dans de vastes régions d’Espagne, d’Italie et de Grèce », a déclaré Faranda à 42mag.fr.
Il prévient que la chaleur et la sécheresse qui touchent une grande partie de l’Europe – y compris le sud de la France – augmentent les risques d’incendies de forêt, de dégâts aux cultures et de dommages à l’environnement au sens large.
« C’est avant tout inquiétant pour la végétation et la faune », estime Faranda, spécialiste des phénomènes météorologiques extrêmes. « Certaines plantes sont dans leur phase de croissance et celle-ci sera interrompue, tandis que les animaux ne pourront pas suivre leurs schémas de reproduction habituels. »
Dans la Drôme, les habitants voient déjà l’impact, dit Chaupitre.
« On voit que la nature commence vraiment à souffrir. C’est très sec partout, la végétation, les arbres », rapporte-t-il.
L’été long et chaud a également des conséquences néfastes sur la population locale, dit-il : « C’est dur, tout le monde est sous pression ».