En France, un nombre croissant d’enfants dorment dans la rue, prévient l’Unicef France dans un rapport annuel qui montre que près de 2 000 enfants dormaient dans la rue à la rentrée de cette année scolaire, soit une augmentation de près de 20 pour cent par rapport à l’année dernière.
« Les enfants et les adolescents ne sont pas sereins face à (le problème de) comment avoir une éducation normale si on ne sait pas où on va dormir la nuit », explique Pierre Imhoff-Guiserix, qui coordonne un centre de jour pour familles sans abri. à Strasbourg, dite Loupiote
Chaque jour, le centre accueille environ 50 enfants et, depuis 2023, 387 nouvelles familles sont venues bénéficier des services, soit plus d’une centaine de plus qu’en 2022. Beaucoup d’entre eux sont des demandeurs d’asile, dans un vide administratif.
« Le problème qui nous préoccupe est le nombre de familles dans la rue lorsque nous fermons. Il y a environ 30 familles qui n’ont pas de solution en fin de compte », a-t-il déclaré, enregistré dans le cadre du cinquième rapport annuel sur les enfants de la région. rue publiée par l’Unicef et la Fédération des acteurs solidaires (FAS), qui a enregistré une augmentation du nombre d’enfants dormant dans la rue au cours de l’année écoulée.
Le rapport a suivi les appels vers le 115, le numéro de téléphone national d’hébergement d’urgence, dans la nuit du 21 août 2023.
Parmi les personnes impliquées dans les cellules familiales qui ont appelé ce soir-là, 3 745 n’ont pas obtenu de lit, dont 1 990 enfants, dont 480 de moins de trois ans.
Parmi les enfants, près de 80 pour cent ont déclaré avoir dormi dans la rue la veille de l’appel.
Impacts psychologiques et physiques
Les conséquences sont graves pour les enfants, qui souffrent de l’incertitude quant à l’endroit où ils vont dormir.
« On voit vite l’état psychologique et physique des parents et des enfants se dégrader rapidement », explique Imhoff-Guiserix, ajoutant que si les enfants sont à l’école, au moins ils ont un endroit où être pendant la journée.
« L’équipe de l’école est consciente de la situation de la famille et est flexible. Elle peut installer un lit à l’infirmerie pour que certains enfants puissent dormir. Les enfants mangent souvent à la cantine. Ainsi, du matin au soir, ils sont en congé. la rue, dans une situation qui les protège. »
Le rapport note que ses chiffres sous-estiment le problème, car environ 30 à 40 pour cent de personnes supplémentaires n’appellent plus le numéro du logement, sachant qu’elles n’obtiendront pas de lit.
À cela s’ajoutent les familles avec enfants vivant dans des squats ou dans d’autres situations précaires, ainsi que les mineurs non accompagnés, qui n’ont pas été pris en compte dans l’étude.
Politique « basée sur la température »
Quels que soient les chiffres, le rapport montre que la situation empire, avec 2,5 fois plus d’enfants dormant dans la rue qu’il y a 18 mois.
Cela est dû en partie à une précarité générale de la population, confrontée à une augmentation du coût de la vie et à l’inflation, et à une crise du logement aggravée par les nouvelles réglementations en matière d’efficacité énergétique qui ont rendu de nombreux logements indisponibles à la location.
La région parisienne a été particulièrement impactée, et c’est là que l’étude a enregistré le plus grand nombre de demandes de logement. La situation est toutefois problématique dans les régions Auvergne-Rhône-Alpes, Hauts-de-France et Occitanie.
Les auteurs de l’étude affirment que le gouvernement n’a pas tenu sa promesse d’éradiquer l’itinérance des enfants en 2022 avec une politique « aucun enfant dans la rue ».
Si des efforts ont été déployés pour ouvrir des logements durant la saison hivernale 2022-2023, les associations de défense du logement constatent une vague d’expulsions dès que la météo s’améliore, et l’étude déplore ce qu’elle appelle une « gestion du logement au thermomètre ».
« L’hiver est généralement une période où les gens sont conscients du sort des sans-abri », écrivent les auteurs. « Mais ils – et les enfants en particulier – souffrent tout autant des effets des vagues de chaleur, qui sont plus fréquentes et plus intenses en raison du changement climatique. »
Appel à l’action
Le rapport note qu’à ces enfants qui dorment dans la rue s’ajoutent des milliers de personnes qui vivent dans la précarité, comme les 29 780 qui vivent dans des hôtels.
Le nombre de lits d’hôtel est non seulement insuffisant, mais il est également « insatisfaisant » car temporaire – quelques semaines ou quelques mois seulement – et inadapté aux jeunes enfants.
L’Unicef et le FAS insistent sur le fait que le gouvernement a la capacité de résoudre le problème.
« Nous sommes dans une période qui se dégrade et ne s’améliore pas, alors que nous pensons avoir les moyens d’améliorer la situation », a déclaré à 42mag.fr Nathalie Latour, directrice du FAS.
« Le logement est le réceptacle de toutes les insuffisances des politiques publiques. Cela fait plusieurs années que nous alertions sur le logement, et maintenant nous alertons sérieusement »,
Au lieu de réagir aux urgences, elle souhaiterait voir une solution structurelle à plus long terme pour résoudre le problème du logement, et l’étude exhorte les législateurs à aborder la question dès le budget 2024 qui sera voté dans les prochaines semaines.