« Dogman », la dernière œuvre du cinéaste Luc Besson, est en lice pour décrocher la récompense suprême, le Lion d’or, lors du prestigieux festival du film de Venise. Le célèbre réalisateur français fait son grand retour sur le devant de la scène suite à une succession de flop au box-office ainsi que des allégations d’agression sexuelle qui sont à présent derrière lui.
Parcours parsemé de hauts et de bas, Luc Besson, le réalisateur français le plus connu sur la scène internationale, cherche à redresser la barre à Venise où il a dévoilé jeudi son dernier film Dogman dans le cadre du concours. En dépit des allégations de viol qui pèsent sur lui, et qui ont été rejetées par la justice cette année, Besson a une chance de décrocher le Lion d’Or avec ce thriller.
L’acteur principal joué par Caleb Landry Jones
La participation de Besson à Venise est quelque peu surprenante. Le metteur en scène, dont le cinéma populaire n’est pas toujours bien accueilli par les critiques, est connu du grand public international, contrairement à grand nombre de réalisateurs français. Dogman se veut dans la continuité de l’œuvre sombre du cinéaste de 64 ans, à l’instar de Subway, Nikita ou encore Léon, ce dernier ayant propulsé Natalie Portman sur le devant de la scène. Caleb Landry Jones, étoile montante du cinéma indépendant américain et récompensée au Festival de Cannes en 2021 pour son interprétation dans Nitram, incarne le personnage principal.
Dogman retrace le parcours d’un enfant victime de maltraitance et rejeté par son père, qui le confine jour et nuit dans une cage avec des chiens. Devenu adulte et handicapé suite à une agression de son père, il vit en marge de la société, participant à des cambriolages dans les propriétés des plus fortunés. Il se travestit occasionnellement pour chanter du Edith Piaf sur la scène d’un cabaret.
Besson, qui a signé des films cultes tels que Le grand bleu, Le Cinquième élément ou Lucy qui a attiré 56 millions de spectateurs dans le monde, n’a pas peur de mélanger les styles. « Je ne suis pas un cinéphile accompli », a-t-il avoué à Venise, lorsqu’on l’interrogeait sur ses influences. Autodidacte et formé sur le tas, il privilégie l’observation « des gens, de la nature, du climat » pour construire son film.
Dogman, qui a parfois des tonalités christiques, semble faire référence tantôt au Livre de la jungle avec son héros élevé parmi les bêtes, tantôt à la sombre atmosphère du Joker, tout en empruntant à La Môme pour sa bande-son. Sans oublier les 101 Dalmatiens : des dizaines de chiens et une vingtaine de dresseurs ont été recrutés pour le tournage, a raconté Besson à la Mostra. Certains animaux avaient même leur propre caravane et dresseur.
Des revers commerciaux
Dogman permettra-t-il à Luc Besson de retrouver le succès ? Le cinéaste et producteur qui rêvait d’une carrière à Hollywood a connu des moments difficiles et fait un pari important avec ce nouveau projet. Les désillusions commerciales, notamment celles liées à Valérian et la cité des mille planètes, un film aux ambitions très ambitieuses, ont manqué de ruiner EuropaCorp, la compagnie que Besson voulait voir rivaliser avec les grands studios américains. Aujourd’hui, il n’en est plus que le directeur artistique. Un retour aux sources qui fait passer à l’arrière-plan les succès passés de la maison de production, de Yamakasi à Banlieue 13, sans oublier la franchise Taxi.
Sur le plan juridique, Besson a dû répondre à des accusations de viol en 2018, formulées par l’actrice Sand van Roy. L’affaire a été l’un des cas les plus marquants du mouvement #MeToo en France, mais la Cour de Cassation a finalement rejeté les accusations en juin.
« L’une des choses dont je suis le plus fier à l’heure actuelle, c’est ma liberté, » a déclaré le réalisateur, qui avait un temps rêvé de créer un « Hollywood-sur-Seine » à la Cité du cinéma, en région parisienne. « Personne ne peut m’empêcher de réaliser le film que je désire. »
Le film sortira en France le 27 septembre prochain.