Ce samedi, le ministère de l’Intérieur a diffusé une information alarmante : 118 femmes ont perdu la vie l’année dernière, assassinées par leur conjoint ou ex-conjoint. Face à ces chiffres accablants, Me Anne Bouillon, une avocate reconnue dans le domaine des droits des femmes, ne peut s’empêcher de souligner combien cette réalité est le symbole clair de notre échec collectif. En effet, ces décès révèlent de manière évidente l’échec de notre société à protéger et préserver la vie de ces femmes qui subissent des violences conjugales.
Me Anne Bouillon, une avocate spécialisée en droit des femmes et de la famille de Nantes, a déclaré sur 42mag.fr samedi 2 septembre qu’il manquait encore une véritable culture de protection, après la publication des chiffres sur les violences conjugales par le ministère de l’Intérieur. Selon ce bilan, 118 femmes ont été tuées par leur conjoint ou leur ex-conjoint en 2022.
Anne Bouillon dénonce ce chiffre « vertigineux » et « glaçant », qualifiant cela de « signe manifeste de notre échec collectif ». Le nombre de féminicides est légèrement en baisse entre 2021 et 2022, avec quatre féminicides de moins en 2022. « Malgré tous les efforts déployés, rien n’y fait, les femmes continuent de mourir sous les coups de leur compagnon », déplore l’avocate.
Selon elle, les femmes ne sont pas prises au sérieux. « Il y a encore trop de femmes qui ne sont pas suffisamment bien accueillies dans les commissariats de police. Il y a trop de femmes à qui l’on refuse des ordonnances de protection en considérant que le danger a disparu », énumère-t-elle.
Pas assez de places d’hébergement
Comme les associations féministes, l’avocate demande à l’État un milliard d’euros dédié à la question des femmes, notamment pour ouvrir de nouvelles places d’hébergement pour les victimes de violences conjugales ou pour recruter des assistantes sociales.
« Outre le curatif, il faut faire du préventif », affirme Anne Bouillon. « Travailler sur l’éducation de nos enfants me semble primordial, travailler sur la notion de consentement dans l’éducation sexuelle me semble primordial », ajoute-t-elle.