Les juges d’instruction français ont abandonné les poursuites contre trois gendarmes pour la mort en 2016 d’un jeune homme noir en garde à vue qui a déclenché de violentes manifestations, ont annoncé vendredi des avocats. La sœur de la victime appelle à un rassemblement la semaine prochaine pour protester contre ce qu’elle qualifie d' »erreur judiciaire ».
Adama Traoré, 24 ans, est décédé peu après son arrestation dans la ville de Beaumont-sur-Oise, sa mort déclenchant des accusations de brutalités policières et de racisme, ainsi que plusieurs nuits de manifestations.
Les gendarmes sont des unités de type policier souvent utilisées pour faire respecter la loi dans les zones rurales.
Les autorités avaient déclaré à l’époque qu’une autopsie avait révélé qu’il souffrait d’une grave infection et que son corps présentait peu de signes de violence.
Les juges d’instruction ont été chargés de déterminer si les trois agents qui ont procédé à l’arrestation ont fait un usage disproportionné de la force contre Traoré, qu’ils avaient appréhendé après une course-poursuite en juillet 2016, sous une canicule avec des températures de 37 degrés Celsius, lors d’une opération de police visant son frère Bagui.
Les policiers n’ont jamais été inculpés.

Honte à la justice française
L’avocat de la famille Traoré, Yassine Bouzrou, a indiqué vendredi qu’il ferait appel de la décision des magistrats, fondée selon lui sur « des contradictions, des incohérences et des violations graves de la loi ».
L’objet de cet appel était d’amener la cour d’appel de Paris à ordonner que les trois policiers soient jugés, a-t-il déclaré à l’AFP.
La sœur aînée de Traoré, Assa, mène des manifestations depuis sa mort, notamment une marche commémorative annuelle.
Mais un tribunal a interdit la marche cette année, craignant de raviver les troubles déclenchés par le meurtre par la police de Nahel M., 17 ans, lors d’un contrôle routier près de Paris en juin.
S’adressant samedi à France Info, Assa Traoré a indiqué qu’elle organiserait un rassemblement le mardi 5 septembre, place de la République à Paris.
« Nous contestons ce non-lieu qui est une honte pour la justice française, qui est une honte pour la France », a-t-elle déclaré.
(avec fils de presse)