Vendredi, une initiative sans précédent sera mise en place par le gouvernement afin de sensibiliser la population aux violences sexuelles perpétrées à l’encontre des enfants. Cette campagne, à la fois audacieuse et percutante, vise à frapper les esprits et à susciter une prise de conscience collective. Anne Clerc, déléguée générale de l’association Face à l’inceste, accueille favorablement cette démarche, saluant ainsi les efforts consentis pour briser le tabou et révéler au grand jour cette réalité cruelle et insoutenable. Cependant, elle émet le souhait que cette mobilisation ne soit pas éphémère, mais qu’elle persiste et s’inscrive véritablement dans la durée. En effet, pour lutter efficacement contre les violences sexuelles faites aux enfants, il est primordial que cette cause reste constamment soutenue et que des mesures concrètes soient prises pour prévenir, protéger et accompagner les victimes tout au long de leur parcours de reconstruction.
Une campagne gouvernementale de sensibilisation contre les violences sexuelles faites aux enfants sera diffusée à la télévision, au cinéma et sur les réseaux sociaux à partir du vendredi 15 septembre 2023. Cette initiative est inspirée des recommandations de la Commission indépendante sur l’inceste et les violences sexuelles faites aux enfants (Ciivise) datant d’il y a un an.
Anne Clerc, déléguée générale de l’association Face à l’inceste, a salué cette démarche, mais estime que cette campagne ne sera pas suffisante pour lutter contre ce fléau en France. En effet, le gouvernement rappelle qu’un enfant est victime d’inceste, de viol ou d’agression sexuelle toutes les trois minutes.
Anne Clerc souligne également que la question des moyens alloués pour réceptionner la parole de ces enfants est cruciale. En France, il y a 6,7 millions de victimes et 160 000 enfants sont victimes de violences sexuelles chaque année. Seulement 3% des plaintes pour viol sur mineur aboutissent à une condamnation. Il est donc essentiel de permettre aux enfants de parler et de les protéger. Les parents doivent être responsables et rendre des comptes face à la parole des enfants.
Face à cette situation, Anne Clerc propose un plan pérenne qui couvre l’ensemble des besoins. Ce plan doit inclure des actions de prévention primaire pour empêcher les abus, des actions de prévention secondaire pour détecter les signes précoces tant du côté des agresseurs que des enfants victimes, ainsi que des actions de prévention tertiaire pour réduire les conséquences et accompagner les victimes. Il est nécessaire d’agir au niveau des adultes pour qu’ils deviennent des protecteurs des enfants victimes d’inceste. Un changement de paradigme doit avoir lieu, en prenant en considération les révélations des enfants. Tout en respectant la présomption d’innocence, il est important de protéger immédiatement les enfants qui révèlent des faits d’inceste, sans les confronter à leur agresseur sexuel.
Concernant le plan du gouvernement, il y a des avancées, comme la prise de parole d’Emmanuelle Béart et la diffusion de son documentaire « Un silence si bruyant » sur M6. Cependant, il faut rappeler que les enquêtes sont encore longues après le dépôt de plainte. Il y a très peu de condamnations et de familles qui osent porter plainte. En outre, huit victimes sur dix n’ont pas de parents pour les protéger lorsqu’elles révèlent des faits d’inceste. Il est donc primordial de respecter et reconnaître les droits des enfants et de changer de perspective vis-à-vis de leur parole.
Pour que les choses changent, il est essentiel d’accompagner les professionnels et de les former. Avant d’appeler le 119, ils doivent bénéficier d’une formation initiale et continue pour mieux réagir face à ces situations. Les médecins, les enseignants et tous les acteurs qui travaillent avec les enfants doivent être formés pour comprendre la gravité de ces faits. Dans cette campagne, la gravité et l’impact des violences sexuelles faites aux enfants ne sont pas suffisamment mesurés. Aujourd’hui, il est crucial que chacun soit préparé à répondre à un enfant ou une victime d’inceste. Il manque des réponses à la hauteur de cette violence et de ce traumatisme qui affectent profondément les victimes.