« Nous sommes investis dans l’aide humanitaire, notre objectif premier est de préserver des vies. C’est dommage que les mesures ne soient pas toujours mises en place à temps », se désole Arnaud Fraisse, à la tête de l’organisation Secouristes sans frontières.
« Nous serons obligés de renoncer à cette mission si nous n’obtenons pas l’autorisation avant midi », déclare avec regret Arnaud Fraisse, le président de l’organisation humanitaire Secouristes sans frontières, le lundi 11 septembre, lors d’une intervention sur 42mag.fr. Cette ONG est spécialisée dans la recherche et le sauvetage de personnes suite à des tremblements de terre. Au Maroc, qui pleure les victimes d’un séisme dévastateur, l’aide de l’Espagne, du Royaume-Uni, du Qatar et des Émirats arabes unis a été acceptée « à ce stade ». Ces quatre nations ont déployé leurs équipes de recherche et de sauvetage. Arnaud Fraisse « comprend la décision du gouvernement marocain de choisir » qui viendra en aide, car « c’est une gestion logistique qui peut s’avérer complexe ». Cependant, il ajoute : « Nous sommes des travailleurs humanitaires, notre mission est de sauver des vies. Il est regrettable que les décisions ne soient pas prises plus rapidement ».
Le président de Secouristes sans frontières insiste sur le fait que chaque minute compte pour son organisation humanitaire. « Nous sommes formés pour retrouver des personnes vivantes. Nos interventions doivent avoir lieu très rapidement après le séisme. Si nous partons cinq jours plus tard, cela ne sert plus à rien », explique-t-il. Cependant, Arnaud Fraisse tempère en rappelant que « des miracles peuvent se produire, comme en Haïti en 2010, où une femme a été retrouvée vivante huit jours après le séisme ».
Possibilités « assez limitées » de trouver des survivants
Toutefois, d’après lui, les choses sont différentes au Maroc, notamment en raison de la « différence architecturale manifeste ». Les victimes du séisme ont été « ensevelies sous de la terre, du pisé, de la poussière », notamment dans les régions montagneuses. Cela entraîne « des problèmes respiratoires ». Par conséquent, « les chances de retrouver des survivants sont désormais assez limitées lors de ce type de séisme, compte tenu du type d’architecture du pays », explique l’humanitaire.
Des bénévoles sauveteurs, notamment des humanitaires français, se sont rendus au Maroc sans attendre l’autorisation des autorités. « Ce n’est pas notre manière de procéder », explique le fondateur de l’ONG Secouristes sans frontières. « Nous sommes soumis à une charte de l’ONU, une sorte de charte éthique. Il existe une immense initiative onusienne qui rassemble les équipes de ‘Search and Rescue’ à travers le monde. Cette charte stipule que seuls les pays ont le pouvoir de décider de l’aide qu’ils souhaitent recevoir ».
Arnaud Fraisse précise qu’il « ne veut pas interférer dans les problèmes diplomatiques entre les pays », ce qui pourrait sous-entendre entre la France et le Maroc. Mais en tant que membres de l’ONG, il « est déçu, car notre vocation est de sauver des vies, ce qui accentue notre regret », confie-t-il à 42mag.fr. La veille, sur France Inter, il avait exprimé son incompréhension face à l' »obstruction » des autorités marocaines.