Des groupes de défense des droits ont condamné l’arrestation de la journaliste française Ariane Lavrilleux, qui est interrogée en lien avec des informations selon lesquelles les renseignements français auraient été utilisés à mauvais escient par l’Égypte pour cibler des passeurs à la frontière libyenne et tuer des civils.
En novembre 2021, le média en ligne Disclose a publié une série d’articles basés sur des centaines de documents secrets. Leur publication a incité le ministre des Armées à demander une enquête.
Elle dénonce une « atteinte inacceptable au secret des sources », un point de vue partagé par Reporters sans frontières et la Société des journalistes.
« Nous craignons que l’action de la DGSI ne porte atteinte au secret des sources », déclare RSF. Le groupe a organisé mercredi soir une marche de soutien à Lavrilleux dans le centre de Paris.
L’avocate de Lavrilleux, Virginie Marquet, a indiqué que son client était interrogé par un juge et des policiers de la DGSI dans le cadre d’une enquête pour atteinte à la sécurité nationale.
Nous exprimons notre soutien à notre bénéficiaire @AriaLavrilleux qui est en état d’arrestation en France. Elle a fait état de fuites de documents alléguant que les services de renseignement français auraient ciblé des civils en Égypte. #journalisme d’enquête #Liberté de pressehttps://t.co/RkJkbL6J2N
– Journalismfund Europe (@journalismfund) 20 septembre 2023
« C’est une procédure plutôt rare », a déclaré Marquet à Reuters. « Cela monte d’un cran lorsqu’il s’agit de mesures coercitives contre les journalistes.
« Cette perquisition risque de porter gravement atteinte à la confidentialité des sources des journalistes. »
« Meurtres arbitraires »
Disclose a déclaré que son rapport montrait comment les informations provenant d’une opération de contre-espionnage française en Égypte, baptisée « Sirli », avaient été utilisées par l’État égyptien pour « une campagne d’assassinats arbitraires » contre les passeurs opérant le long de la frontière libyenne.
Les articles indiquaient que les forces françaises étaient complices d’au moins 19 attentats à la bombe contre des passeurs entre 2016 et 2018 dans la région.
Les documents montrent qu’il y a eu des avertissements de la part de responsables du gouvernement français, mais l’opération n’a pas été remise en question, a indiqué Disclose.
Le ministère français des Armées a déposé une plainte pour « violation du secret de la défense nationale » à la suite de la publication du rapport.
Un dossier a été ouvert en juillet 2022 par le parquet de Paris puis confié à la DGSI.