L’actrice âgée de 68 ans a exprimé son opinion selon laquelle son absence relative du monde du cinéma résulte de son orientation sexuelle homosexuelle. Selon elle, les acteurs et actrices cherchent fréquemment à dissimuler leur homosexualité afin de poursuivre leur carrière sans obstacles. Un certain nombre d’individus influents du milieu du cinéma lui attribuent une part de vérité, émettant l’idée que les générations à venir seront potentiellement capables de modifier cette dynamique.
Lors de son intervention à l’émission Quelle Époque, sur France 2, Muriel Robin a fait des déclarations qui ont eu l’impact d’une véritable onde de choc. À 68 ans, cette comédienne révélait qu’elle n’avait guère de rôles dans les films, du fait de son homosexualité, faisant par là-même une allusion à l’homophobie prévalente dans le milieu cinématographique. Selon Muriel Robin, « être une lesbienne, c’est être considérée comme non-désirable, non-pénétrable. Et au cinéma, régnerait la croyance selon laquelle nous ne valons rien! »
Perceptions « démodées »
Un certain nombre d’acteurs ont exprimé leur désarroi face à de tels commentaires, se disant peu équipés, en tant qu’hétérosexuels, pour formuler une réponse adéquate et conseillant de se tourner vers les comédiens LGBTQI+. Or, c’est précisément là où réside le problème, selon Muriel Robin : très peu de comédiens en parlent ouvertement, par crainte de voir leur carrière compromise. Le réalisateur Pierre Salvadori approuve sans équivoque ces propos, déclarant : « Elle a tout bonnement raison. « .
« De nombreux acteurs et actrices préfèrent dissimuler leur orientation sexuelle que d’être privés de la chance d’obtenir des rôles. C’est d’autant plus vrai que nombreux scénarios de films sont conçus autour d’un personnage principal hétérosexuel, comme mes propres productions. »
Pierre Salvadori, réalisateuren entrevue avec 42mag.fr
Pierre Salvadori, qui avait été nommé pour le César du meilleur réalisateur avec son film En liberté ! en 2019, souligne l’absurdité de cette situation. Pour lui, dès que l’on aborde la question de l’homosexualité, on observe la persistance d’une forme d’opacité, qui est regrettable. C’est comme si, dans l’esprit de plusieurs, l’idée qu’une personne homosexuelle puisse interpréter à l’écran un rôle d’hétérosexuel manquait de crédibilité.
Selon le cinéaste, le problème serait simplement dû à la manière dont les scénarios des films sont conçus et la façon dont les rôles sont créés : « Ceux qui élaborent ces rôles pourraient craindre que des acteurs homosexuels puissent manquer de crédibilité en endossant un rôle hétérosexuel. Ce qui est en soi totalement absurde, étant donné qu’il y a ce qu’on appelle le ‘pacte de croyance’ avec le public. Celui-ci accepte sans problèmes de voir des acteurs dans des rôles de policiers, d’homos, d’hétéros, de tout ce qu’on veut « , explique-t-il.
Fausseté
Il ne semble pas qu’il y ait une homophobie avouée ou voilée, et la problématique serait plutôt caractérisée par une sorte d’hypocrisie au sein du milieu
Cela confirme ainsi ce que la directrice de casting, Julie Allione, dénonce comme étant une homophobie systématique au cinéma et l’immobilisme des représentations traditionnelles de la société. Pour Julie Allione, l’homophobie, n’est pas toujours une attitude manifeste. Elle avance que la préférence par défaut pour des représentations qui supposent l’hétérosexualité, sans rien connaitre de la réalité des individus, pourrait être qualifiée d’homophobe.
« Nous vivons dans une culture hétéronormative. Pour les cinéastes, il est parfois difficile de s’éloigner de cette réalité qui a été ancrée dans l’imaginaire collectif génération après génération. »
Julie Allione, directrice de castingà 42mag.fr
Salvadori et Allione finissent par évoquer un potentialité d’évolution, notamment grâce à l’action de jeunes acteurs engagés, comme Adèle Haenel, célèbre pour son rôle dans le film En Liberté !, qui selon eux a eu le courage d’ouvrir la voie.