Par le biais d’un rapport, la Cour des comptes se mêle à la discussion concernant l’aide de l’État au cinéma français. Cette institution suprême de finance s’est notamment intéressée à la manière dont le CNC, le Centre national de la cinématographie, a été administré entre les années 2011 et 2022.
La Cour des comptes exerce fréquemment une surveillance stricte sur ce qu’elle considère comme des anomalies dans l’usage des fonds publics. À cette occasion, elle se penche sur un sujet sensible : le financement du septième Art. Cela nous rappelle la controverse suscitée il y a quelques temps par la cinéaste de Anatomie d’une chute, lauréate de la Palme d’or au dernier Festival de Cannes. Justine Triet avait émis des critiques sur les autorités publiques qu’elle accuse de vouloir détruire l’exception culturelle française au profit de la rentabilité.
Le rapport de la Cour des comptes, publié le mercredi 20 septembre, félicite les efforts fournis par le Centre national du cinéma et de l’image animée, en particulier pour son soutien à l’industrie durant la crise du Covid et face à l’arrivée massive de Netflix sur la scène cinématographique avec son flot de films en streaming. Mais le rapport note aussi que les aides accordées au cinéma français sont trop vastes et compliquées – environ une centaine – et souvent complexes. La somme de 700 millions d’euros est dédiée à ce secteur chaque année. Il serait bénéfique d’entreprendre une révision en profondeur de toutes ces allocations.
Simplifier les nombreuses aides présentes, souvent trop compliquées
Pierre Moscovici, Président de la Cour des comptes, ne suggère pas qu’il faut produire moins de films, mais il soulève le problème que « trop de films ne trouvent pas leur public ». Le public est de moins en moins présent alors que les aides au cinéma continuent d’augmenter. Aujourd’hui, un film français sur trois attire moins de 20 000 spectateurs, contre un sur quatre il y a dix ans. Seuls 2% des films qui bénéficient d’un avancement sur les recettes sont rentables en salle. Selon le Président du CNC, Dominique Boutonnat, l’évaluation du succès d’un film ne devrait pas se limiter à sa rentabilité en salle, mais doit aussi tenir compte des efforts déployés en matière d’éducation cinématographique, du soutien aux festivals ou encore de l’aide aux salles d’Art et d’Essai. La balle est au centre entre les experts et les réalisateurs.