Martin Scorsese, le réalisateur américain, nie avoir créé un « film à message » avec « Killers of the Flower Moon », qui sera projeté mercredi en France. Cependant, il aspire à susciter une réflexion sur le traitement réservé aux Amérindiens depuis l’époque de la colonisation européenne de l’Amérique.
Le traitement historique des Amérindiens après la colonisation européenne de l’Amérique est une blessure qui demeure non cicatrisée, selon Martin Scorsese, le célèbre réalisateur américain. C’est ce qu’il véhiculait durant le Festival de Cannes en mai dernier, où il a présenté son nouveau film Killers of the Flower Moon. Ce long-métrage retrace l’histoire réelle de Mollie Burkhart, interprétée par l’actrice amérindienne, Lily Gladstone.
L’héritage de l’avarice
Ce film, qui est prévu à sortir le mercredi 18 octobre, est potentiellement une des œuvres les plus politiques de Scorsese. Il relate comment la tribu amérindienne des Osage a été dépossédée de ses droits, alors même que leur territoire abritait l’un des plus importants gisements pétrolifères des États-Unis dans les années 1920.
En effet, les Osage étaient les propriétaires exclusifs de ces ressources en pétrole, qui ne pouvaient être ni transférés ni vendus, seulement légués. Ce fut une aubaine pour les blancs, qui ont cherché à se rapprocher de la communauté Osage. Ils ont même épousé certains membres de la tribu, avant de les tuer afin d’hériter de leurs possessions, avec une impunité presque totale.
Lily Gladstone et Martin Scorsese pendant le tournage de « Killers of the Flower Moon » (IMPERATIVE ENTERTAINMENT)
Un reflet de l’époque actuelle, dixit le réalisateur
L’histoire que dépeint Scorsese se situe au sein des années vingt en Oklahoma. Avec l’affirmation que les délits et les brutalités pourraient tout autant se produire en 2023. Selon le réalisateur, « Les problématiques sont les mêmes qu’à notre époque. J’espère que la démocratie perdurera bien que parfois très fragilisée. Néanmoins, le pays est toujours en phase de croissance, et il continue à souffrir de ses meurtrissures d’adolescence », révèle-t-il lors de la présentation hors concours du film au Festival de Cannes.
« Peut-être qu’en connaissant notre histoire et en comprenant où nous en sommes, nous pourrons apporter un changement et être à la hauteur de ce que notre pays est censé être », ajoute-t-il. « Montrons simplement l’histoire et observons ce qu’il adviendra. »
Le cinéma : un art de révélation
Martin Scorsese, malgré son refus d’avoir créé un « film à thèse », croit fermement en la puissance révélatrice du cinéma, qui a largement participé à sa découverte du monde. « Je suis issu d’une famille d’immigrants italiens où il n’y avait pas de livres à la maison », avouait-il lors de la conférence à Cannes. « J’ai d’abord appris à travers la rue, ensuite au cinéma. Les films m’ont introduit à la musique et à la littérature. »
Quant à une déception concernant le film? Bien que le film emprunte des éléments au genre du western, Scorsese n’a pas pu réaliser une scène à laquelle il aspirait: « J’ai toujours rêvé de tourner dans un saloon ou un bar, j’aurais pu créer de grandes scènes [dans ces lieux]. Mais ce n’était pas d’époque. » Effectivement, le film se déroulait durant la prohibition, dans un État où la loi interdisait la consommation d’alcool.