Chaque samedi, l’historien Fabrice d’Almeida nous offre une nouvelle lecture de l’actualité en y apportant sa perspective historique.
Un chant offensant à l’encontre de la communauté juive que l’on a pu entendre le 31 octobre parmi les usagers du métro parisien et ensuite diffusé sur les médias sociaux cette semaine, a créé une onde de choc parmi l’opinion publique. Les paroles prononcées étaient : « Des injures envers les juifs et envers ta mère / Vive la Palestine / Ouais Ouais / Des insultes envers les juifs et les aînées / Nous sommes des nazis et fiers ».
En réalité, ce n’est pas sans précédent que certaines minorités ont fait un rapprochement entre le soutien à la cause palestinienne et une glorification du nazisme. Un exemple notable est celui du Grand Mufti de Jérusalem, Mohamed Amin Al-Husseini. Au cours de la Deuxième Guerre mondiale, il avait explicitement sollicité l’appui d’Hitler contre les Juifs. Sa visite à la Grande Chancellerie du IIIe Reich le 28 novembre 1941 avait même été filmée. Al-Husseini, en tant que leader politique et religieux, cherchait à transposer la lutte contre les Juifs en un conflit non seulement religieux, mais aussi racial, et par conséquent raciste. Même si il avait bénéficié d’un certain soutien de la part des Nazis, y compris en termes d’armement, il demeurait néanmoins marginal.
Bien que la majorité des Musulmans qui se sont engagés dans la guerre l’aient fait du côté des Alliés, comme par exemple les goumiers marocains de l’armée Delattre ou encore les spahis qui ont suivi le général Leclerc. Tous ces acteurs ont joué un rôle significatif dans la résistance contre le nazisme.
Après 1945 : l’antisémitisme et l’anti-sionisme
Malgré cela, suite à la Deuxième Guerre mondiale, de jeunes nations arabes ont recruté d’anciens vétérans nazis pour lutter contre Israël c’est le cas notamment de la Syrie et de l’Egypte avec des individus tels qu’Aloïs Bruner et l’ex-directeur de camps de concentration Franz Stangl. Les régimes de ces pays ont entériné une partie de la rhétorique antisémite. Cependant, leur discours n’était pas essentiellement religieux mais bien plus politique et territorial.
L’extrême gauche, incarnée entre autre par Pierre Guillaume et les éditions de la vieille taupe, ou encore Roger Garaudy converti à l’islam, ont introduit la notion de négationnisme parmi les arguments des islamistes qu’ils fréquentaient dans les années 1990 et qui s’appuyaient sur leur pensée pour critiquer conjointement les Juifs et les Chrétiens, tant en tant que colonialistes qu’en tant que capitalistes. Ces leaders d’opinion ont ainsi replongé dans une partie de la théorie du complot antisémite qui prétend que les Juifs contrôlent le monde.
Cette interprétation de l’islamisme, intégrant l’antisémitisme et le négationnisme, a rapidement été reprise par les Iraniens. Le régime des mollahs cherche à affaiblir la légitimité d’Israël et de l’Occident en niant et minorant l’Holocauste. Ce rôle prépondérant de négationniste a été endossé par le président Ahmadinejad, organisateur de colloques sur le sujet et qui lors du trentième anniversaire de la République en 2009, a prononcé un discours sur cette même thématique.
Les antisémites d’aujourd’hui s’inscrivent dans la continuité de cette logique. Ils voient dans la réhabilitation du nazisme un moyen de s’opposer à l’humanisme occidental et de justifier les violences contre les juifs. Bien qu’ils soient ultra-minoritaires, ils cherchent à provoquer et attirer l’attention par leurs actes. Ceci étant dit, le langage vulgaire utilisé, cette volonté de choquer, finissent par desservir la cause qu’ils prétendent défendre : les droits des Palestiniens.