Gérard Larcher a expressément conseillé au sénateur Joël Guerriau de se démettre de l’ensemble de ses fonctions. Joël Guerriau, actuellement mis en examen, est dans la tourmente, accusé d’avoir administré une substance illicite à une parlementaire. Il occupe les postes de secrétaire au Sénat et est aussi le vice-président de la commission en charge des Affaires internationales. Ce scandale déclenche un grand malaise au sein du Palais du Luxembourg.
« C’est le sujet de conversation prédominant », confie un collaborateur occupant le même étage que Joël Guerriau. Le Sénat est en proie à la gêne, l’incrédulité, sans éviter les moqueries inévitables. Ce sénateur, jusqu’alors peu remarqué, est maintenant au centre de l’attention et s’est approprié quelques surnoms : « fêtard 44 », « Pablo Escobar Guerriau ». Ces sobriquets visent à alléger l’atmosphère pesante en raison de la gravité de la situation. Sandrine Josso, députée Modem, déclare le lundi 20 novembre sur France 5, avoir « cru à sa mort » et attire l’attention sur le « danger » de l’intoxication chimique.
En demandant à Joël Guerriau de suspendre temporairement ses obligations de sénateur, de mettre fin à ses attributions de secrétaire du Sénat et de vice-président de la commission des Affaires étrangères, Gérard Larcher cherche à préserver l’intégrité de l’institution. L’objectif est de dissocier les actes de ce dernier du Sénat. Un élu de la majorité approuve la réaction du parti Horizons et de son groupe, qui ont promptement suspendu Joël Guerriau, puis celle de Gérard Larcher : « ça aide à mettre de la distance entre l’institution et le sénateur, il n’y a aucune confusion possible et c’est une bonne chose ». Chez LR, on espère que « c’est tellement grave que cela ne portera pas atteinte au Sénat, c’est le comportement d’un individu ». Il ne faut surtout pas alimenter l’antagonisme envers le Sénat et les parlementaires en général.
Source de l’ecstasy
« Ce n’est pas l’image que l’on aime associer à l’institution, » analyse un conseiller, »d’autant plus qu’il jette le discrédit sur tous en prétendant qu’un ami du Sénat lui a procuré l’ecstasy ! ». La question qui intrigue un élu est : « qui ? Un sénateur ? Un employé ? ». Cela dit, il n’y a guère de personnes qui pensent que Joël Guerriau fera une apparition imminente, étant donné les pressions qu’il subit de toutes parts. Toutefois, il est présumé innocent et a tout à fait le droit de siéger s’il le décide.
Le hasard des programmations veut que le Sénat établisse mardi matin une commission d’enquête sur « l’impact du trafic de drogue en France et les mesures pour le contrer ». Ce n’est pas lié à l’affaire Guerriau, c’était bien sûr planifié bien avant, mais un sénateur fait une remarque sarcastique : « tout cela démontre que c’est pressant ».