L’assassinat d’un adolescent de 16 ans, victime d’un coup de couteau lors d’une célébration villageoise dans la Drôme, entre samedi soir et dimanche matin, a suscité une immense tristesse. Plusieurs figures politiques ont exprimé leur indignation, prenant parfois le risque de manipuler ce tragique évènement, alors que l’enquête n’en est qu’à ses prémisses.
L’assaut d’un groupe de jeunes contre une fête de village, qui a eu lieu dans la nuit du samedi 19 novembre au dimanche dans la paisible commune de Crépol, dans la Drôme, a déclenché une vague de récupération politique. Le tragique événement, qui a entraîné la mort d’un adolescent de 16 ans et fait huit blessés, a quelque peu bouleversé l’opinion publique. Alors que les policiers sont toujours à la recherche des coupables en cavale, l’extrême droite n’a pas tardé à tirer ses propres conclusions sur l’affaire.
Des termes tels que « pillage », « carnage » perpétré par des « sauvages », un symptôme d’un « combat de civilisations » ou même un « génocide de Français », ont été employés de manière interchangeable par des figures comme Marine Le Pen, Éric Zemmour, Marion Maréchal ou Jordan Bardella. Pour sa part, le leader des Républicains, Éric Ciotti, blâme cette « barbarie commise par des tartuffes » malgré que l’identité des agresseurs reste toujours inconnue.
L’exploitation politique d’événements tragiques, une vieille pratique
L’extrême droite a depuis longtemps l’habitude de capitaliser sur des faits divers choquants. Déjà dans les années 80, des dirigeants du Front National passaient au peigne fin les journaux régionaux à la recherche de criminels aux noms à consonance étrangère, que Jean-Marie Le Pen ne manquait pas d’exposer lors de ses rassemblements politiques.
L’objectif a toujours été le même : attiser les émotions, bien que justifiées, et tirer des conclusions politiques d’un fait divers afin de stigmatiser l’immigration et les immigrés en général. Le tout avec l’arrogance de croire qu’ils sont les seuls à dire la vérité, alors que les médias la dissimuleraient. Évidemment, c’est faux. Tous les médias couvrent l’incident de Crépol, mais en se basant uniquement sur les faits confirmés.
Cependant, l’impact de ces controverses a évolué et leur portée s’est amplifiée. Aujourd’hui, un simple tweet suffit pour enflammer les débats sur les réseaux sociaux. Une pratique qui n’est pas l’apanage de l’extrême droite. Le 20 novembre, les dirigeants de la France insoumise ont choisi de condamner sur la plateforme X une agression raciste survenue dans le Val-de-Marne.
Chacun a sa propre victime et son propre électorat en quelque sorte. Lorsque les responsables politiques se transforment en influenceurs à la recherche de publicité pour plaire à leur communauté, l’intérêt général est mis de côté et la politique elle-même perd ce qui lui restait de crédibilité.