L’assemblé national représentant Daniel Grenon du parti Rassemblement national remet en question l’efficacité des éoliennes, fournissant pour argument leur arrêt durant les dernières perturbations météorologiques. Cependant, il s’avère que ces éoliennes ont en effet affiché des niveaux de production exceptionnels durant cette même période.
Les turbines éoliennes sont-elles vraiment inutiles ? C’est l’opinion exprimée par Daniel Grenon, le député du Rassemblement national de la première circonscription de l’Yonne, sur son compte Twitter. Il a critiqué les sommes investies dans l’énergie éolienne lors d’une intervention à l’Assemblée nationale le mercredi 6 décembre, alors que la Commission européenne a déclaré que l’Union européenne (UE) aura besoin de 584 millions d’euros pour rénover l’ensemble de ses réseaux électriques d’ici 2030, comme l’indique le journal Les Echos.
À son avis, les investissements dans l’énergie éolienne auraient dû être évités car « Les éoliennes ont prouvé leur inefficacité lors des tempêtes d’octobre dernier. Malgré des vents d’une extrême puissance, les éoliennes étaient en pause ». Est-ce une affirmation véridique ?
« Les éoliennes ont prouvé leur inefficacité lors des tempêtes d’octobre dernier », déclare @DanielGrenon89.
« Malgré des vents d’une puissance extrême, elles étaient en pause. »#DirectAN #QAG pic.twitter.com/TXwjEf329e— LCP (@LCP) 6 décembre 2023
Non, les turbines éoliennes ne se sont pas arrêtées lors des tempêtes
La déclaration de Daniel Grenon est incorrecte : les éoliennes n’étaient pas en pause pendant les tempêtes d’octobre, et leur production d’électricité a même augmenté pendant ces périodes climatiques difficiles.
RTE, le gestionnaire du réseau de transport d’électricité en France, propose un suivi en temps réel de la production d’électricité par secteur accessible à tous. Le site éCO2mix permet de sélectionner des dates spécifiques pour vérifier si un secteur a ou non produit de l’électricité pendant ces jours particuliers.
Ce suivi montre que les éoliennes ont fonctionné tout au long du mois d’octobre, et qu’elles ont eu une légère augmentation de production entre le 20 et le 21 octobre, alors que la tempête Aline traversait le sud de la France. Cependant, comme les éoliennes sont principalement situées dans l’ouest et le nord de la France, le phénomène a été encore plus notable lors des deux tempêtes ultérieures.
Des sommets de production pendant les tempêtes Céline et Ciaran
Entre le 28 et le 29 octobre, la tempête Céline a balayé l’ouest du pays et la production d’électricité des éoliennes a atteint son niveau maximum du mois d’octobre à 15,5 gigawattheures (GWh), soit deux à trois fois plus que les niveaux maximaux atteints avant et après le passage de la tempête, les 26 et 30 octobre.
Le même phénomène s’est reproduit quelques jours plus tard, entre le 1er et le 2 novembre, les jours où la tempête Ciaran a le plus sévèrement touché la Bretagne et le nord-ouest de la France. La production d’énergie éolienne a alors atteint un nouveau sommet, encore plus élevé, à près de 16 GWh. Cette nuit-là, les éoliennes ont même fourni plus d’un quart de la demande en électricité du pays, d’après RTE (27%), soit trois fois plus qu’en temps normal. Un parc éolien en Bretagne a même atteint sa capacité maximale de production d’électricité, comme le confirme France 2.
En réalité, les éoliennes génèrent le plus d’électricité lorsque les vents atteignent environ 50 km/h et elles cessent de fonctionner lorsque les rafales atteignent 90 km/h pour des raisons de sécurité, afin de préserver leur structure, comme le détaille Engie sur son site web. Il est donc exact que les vents extrêmement violents à 100, 170 ou 200 km/h ne sont pas particulièrement bénéfiques pour les éoliennes, plutôt le contraire. Cependant, pendant une tempête, les vents ne soufflent pas constamment à cette vitesse, ainsi les éoliennes ne sont pas constamment à l’arrêt et peuvent tirer parti de l’augmentation de la vitesse des vents, jusqu’à 90 km/h, pour produire de l’électricité.