Dimanche soir, Matignon ouvre de nouveau ses portes aux Républicains. L’objectif du gouvernement est de faire en sorte que la commission mixte paritaire présente un projet de loi qui a des chances d’être validé par l’Assemblée.
Une discussion cruciale se profile. Elisabeth Borne, Première Ministre, accueille en fin de journée des membres de la faction politique Les Républicains à Matignon. Sa principale volonté est d’atteindre, au sein de la commission mixte paritaire, un accord solide sur la proposition de loi concernant l’immigration, avec l’aide des sept députés et sept sénateurs impliqués. L’échéance est fixée pour lundi 18 décembre.
Si un accord ce profilait, le texte serait proposé au vote des deux assemblées mardi. Ce week-end, l’ambiance est plus détendue autour des négociations. Un accord se dessine, selon un conseiller d’autorité au cœur de l’exécutif. C’est un sentiment partagé par Hervé Marseille, le leader des sénateurs centristes, qui fait partie de la majorité sénatoriale qui a approuvé une révision plus stricte du texte. Les républicains ont consenti à mettre de côté certaines de leurs propositions plus âgées telles que la suppression de l’aide médicale d’État. Des compromis sont également en cours sur les directives d’accès aux allocations familiales et le rôle des préfets pour superviser la régulation des sans-papiers dans les métiers tendus.
« La décision pourrait se jouer d’une voix »
Toutes les difficultés ne sont pour autant pas résolues, même si la commission mixte paritaire (CMP) ne s’est pas encore réunie. La fiabilité des républicains est mise en question, ne chercheraient-ils pas à tromper le jeu? À cette interrogation, Franck Riester, le ministre délégué en charge des Relations avec le Parlement, apporte une réponse catégorique : le gouvernement a établi une relation de confiance avec les républicains.
Cependant, un autre souci émerge du côté de notre majorité, selon un conseiller en chef. Y a-t-il un risque que un accord penchante trop à droite fasse réagir l’aile gauche du parti ? Selon certains calculs, entre Renaissance, le MoDem et Horizons, une quarantaine de voix pourraient être manquantes lors du vote à l’Assemblée mardi. Un député spécule : « Cela pourrait se jouer à une voix près à nouveau ».
« Nous serons pris pour des incapables »
Peu importe le résultat, la majorité s’inquiète de ce qui se passera par la suite et de l’effet de cette situation sur la suite du mandat. « Si nous parvenons à une loi à la fin, personne ne se souviendra de cet épisode. Sinon, nous serons considérés comme des incapables », déplore un conseiller de haut niveau.
« Les Français sont simples : un gouvernement doit réussir. »
Un conseiller de haut niveauà 42mag.fr
Mais comment réagir dans ces circonstances ? « Il reste encore beaucoup à faire », se réconforte un ministre : réindustrialisation, plein-emploi… Mais après cet « échec », comment aborder une potentielle proposition de loi sur l’aide active à mourir ? Un responsable du gouvernement estime que le débat sur l’immigration a montré qu’il était impossible d’avoir une discussion sereine au Parlement.
Le gouvernement est cependant préoccupé par une question précise : ce revers sur ce projet de loi initialement présenté comme équilibré ne symbolise-t-il pas l’échec du « en même temps », la signature du macronisme ? En privé, le verdict est sans appel : « Le président doit stopper, sinon ce genre d’incident va se répéter », souligne un membre d’un ministère influent.
Avant cette crise, Emmanuel Macron envisageait déjà « un grand rendez-vous avec la nation » en janvier, dans l’optique d’envoyer un message d’unité au pays. Mais à ce jour, même au sein de l’Elysée, personne ne sait exactement comment cela va se passer.