La semaine qui vient de se terminer a été marquée par un climat politique tourmenté, et celle à venir ne laisse pas présager plus de sérénité. En effet, l’ouverture de la commission mixte paritaire concernant la loi sur l’immigration s’annonce dès lundi. Les plans d’action politiques se muent en véritables batailles, comme l’indique le sociologue Jean Viard. Explications détaillées.
Hervé Marseille, un sénateur centriste des Hauts-de-Seine, partage ses opinions sur le projet de loi immigration
Le sénateur centriste des Hauts-de-Seine, Hervé Marseille, est convaincu que toutes les conditions sont réunies pour accéder à un consensus lors de la commission mixte paritaire prévue pour le lundi 18 décembre. Cette commission réunira à 17h sept députés et sept sénateurs pour discuter du projet de loi sur l’immigration.
La proposition du gouvernement en faveur de cette réforme a suscité un large débat sur la radio France Info, et ce, parmi tous les clivages politiques. Le gouvernement a reçu une motion de rejet concernant cette version. Emmanuel Macron exhorte à la recherche d’un compromis bénéfique à l’intérêt général, bien que les manœuvres politiques à l’Assemblée semblent avoir pris le dessus.
Franceinfo interroge Jean Viard, un an et demi après les élections législatives, sur la difficulté d’une majorité relative à adapter ses positions et à trouver des compromis. Viard reconnaît que c’est un défi car tout le monde semble vouloir attiser les conflits plutôt que de les apaiser. Selon lui, l’immigration qui est au cœur du débat concerne principalement les personnes de couleur, l’immigration en provenance d’Ukraine n’étant pas un sujet de préoccupation.
Le problème, d’après Viard, est que le projet de loi mélange le besoin de plus de travail, spécifiquement pour les défis environnementaux à venir, et l’augmentation des expulsions de criminels. Il donne l’exemple de l’Italie, un pays avec un gouvernement plus conservateur que le nôtre, qui a accueilli 500.000 personnes venues du sud afin de créer de nouveaux emplois. Il critique cette approche, qui paraît absurde, en mettant un même panier deux aspects différents sans disposer d’une majorité pour approuver ce projet de loi.
Viard considère la situation actuelle comme un désastre politique, alléguant une atmosphère d’envahissement alors que la réalité est tout autre. Selon lui, la société française n’est pas devenue plus violente ou insécuritaire. Il dénonce le fait que toute la discussion tourne autour de deux idées politiques prédominantes, l’Église et le Parti communiste. La constitution de la Cinquième République reflète cet état de fait, mais le Parti communiste a été absorbé par Mitterand. Il est essentiel, estime-t-il, de revenir à un système proportionnel.
Viard travaille actuellement sur la rédaction d’un livre avec Laurent Berger. Cet ouvrage, intitulé « Pour une société de compromis », paraîtra d’ici trois à quatre mois. Il y décrit une époque de rupture totale sur plusieurs plans, notamment au niveau climatique, ce qui entraîne à son tour une migration massive. Selon lui, face à ces bouleversements, il faut savoir négocier plutôt qu’adopter des positions extrêmes.
Viard soutient ses propos en citant l’exemple des entreprises où plus de 80% des accords, voire jusqu’à 89%, sont approuvés par toutes les parties. Il souligne que la capacité à négocier est bien présente, comme en témoigne la situation dans le monde des entreprises. Selon lui, il est nécessaire d’ajuster le cadre actuel de la Cinquième République à cette réalité et d’opter pour un système proportionnel. Cela incitera les politiques à prendre en compte le fait qu’aucun parti ne sera majoritaire et, par conséquent, à préparer leur campagne en tenant compte du besoin de compromis. Il rappelle les mots de Michel Rocard : « gouvernons avec les sociologues », montrant l’exemple d’un gouvernement minoritaire ayant accompli de belles réalisations.







