En Pologne, un nouveau chapitre a commencé à s’écrire suite à la gouvernance de huit années par le parti national populiste PiS. La triomphe électoral du parti progressiste, le mardi 12 décembre, a hissé Donald Tusk à la position de Premier ministre. Ce nouvel acteur majeur vient de s’approprier les organes de presse nationaux, au service de la réhabilitation démocratique.
Le mardi 19 décembre, un vote de l’Assemblée nationale a conduit au limogeage immédiat de l’ensemble des dirigeants de la télévision, de la radio et de l’agence de presse nationale. La police a été déployée devant les immeubles concernés pour empêcher l’ancienne direction d’y pénétrer et faciliter la prise de fonction des nouvelles équipes.
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Les animateurs ont eu tout juste le temps d’annoncer à l’antenne cette évolution significative, décrite par un journaliste de la TVP comme un « moment mémorable pour la télévision ». Les programmes ont ensuite été interrompus et la mire est apparue à l’écran. Sur la chaîne de nouvelles en continu, le plateau et les invités ont été remplacés par une série télévisée ancienne.
Restauration de la légalité
On pourrait penser que cette technique est celle de putschistes plus que celle d’un gouvernement pro-européen. La coalition nouvellement établie sous la direction de Donald Tusk, qui a pris ses nouvelles responsabilités il y a à peine 10 jours, est confrontée à ce défi. Comment remettre sur pied un État de droit dans un pays qui s’est lentement engagé vers une dérive autoritaire ? Comment démanteler la machine de propagande qui a infecté les médias ?
Le service public en Pologne avait été réduit à une machine de transmission pour les dirigeants nationalistes, déversant des informations biaisées et orchestrant des attaques virulentes contre l’opposition. À l’époque où le parti Droit et Justice, ou PiS, a pris le pouvoir en 2015, une purge encore plus draconienne a été réalisée avec le limogeage de dizaines de journalistes et des modifications de la loi.
Rappel à l’objectivité des médias publics
Le Premier ministre actuel, s’appuyant sur cette méthode, promet surtout de nouvelles législations pour restaurer l’objectivité des médias publics et préserver leur indépendance. Sans surprise, l’ancienne administration proteste vivement. Un tiers des Polonais dépend uniquement du service public pour s’informer. On comprend donc pourquoi le PiS populiste ne souhaite pas rompre ce lien avec ses électeurs.
Des députés se sont même introduits de force dans la télévision pour occuper les bureaux. Ils tentent de mobiliser l’opinion publique et quelques manifestations ont été organisées à différents endroits. Pourtant, les entendre critiquer le contrôle des médias apparaît comme une « mascarade absurde », écrit le quotidien Rzeczpospolita. Dans ce grand spectacle politique, les acteurs du PiS devraient surtout apprendre à quitter la scène.