Depuis le début de la semaine, l’entité France Travail a pris la relève de Pôle emploi. La visée du gouvernement est d’arriver à un « taux d’emploi maximal » mais le chef de la Fédération des intervenants de la solidarité a exprimé, mardi, son inquiétude que cela ne devienne un prétexte pour mettre davantage de pression sur les individus les plus vulnérables.
Pression accrue sur les plus démunis : une menace pour la solidarité, selon Pascal Brice
Pascal Brice, qui préside la Fédération des acteurs de la solidarité, a mis en lumière, le 2 janvier sur 42mag.fr, qu’un pays qui exerce des pressions discriminatoires sur ses citoyens les plus démunis perd en solidité. Il admet que la pauvreté en France n’a pas diminué depuis trois décennies, décrivant la situation comme un échec de longue date. Il critique également l’approche actuelle du gouvernement qui, depuis quelques mois, semble renforcer la pression sur les personnes les plus vulnérables.
Un approfondissement de la solidarité VS une atteinte à la protection sociale
Selon Pascal Brice, malgré un taux de pauvreté d’environ 14% en France – un chiffre qui s’élèverait à 22% sans les mesures de redistribution -, notre pays reste parmi les plus protecteurs au monde. Cela dit, il observe avec regret une érosion continue de ces protections, comme illustrée par le retrait progressif du principe de « quoi qu’il en coûte ». Bien que nécessaire d’un point de vue financier, l’économiste s’interroge sur l’impact sur les plus fragiles.
Loi sur l’immigration : un choc d’intégration
Autre exemple cité par le président de la Fédération des acteurs de la solidarité : la loi sur l’immigration, adoptée en décembre après une controverse politique, un rejet à l’Assemblée nationale, puis une commission mixte paritaire et un vote final. Pour lui, cette loi représente un tournant alarmant pour notre société, voire un choc. Il estime qu’elle signifie la fin de l’intégration des personnes en raison de leur couleur de peau ou de leur religion. Face à cette situation, il prévoit de demander des éclaircissements à la Première ministre.
L’impact de l’intervention de l’État sur les associations
Pascal Brice souhaite également que le gouvernement donne aux associations la liberté d’agir. Il évoque la nouvelle entité France Travail, qui a remplacé Pôle Emploi à partir du 1er janvier. Il s’inquiète de la possibilité de créer un appareil bureaucratique lourd chargé de traquer les bénéficiaires du RSA et les autres signatures. Il plaide plutôt pour une approche personnalisée, telle que celle adoptée par les associations.
Les réformes du travail : un faux sentiment de sécurité ?
La réforme de l’accompagnement au travail est destinée à aider le gouvernement à réaliser son objectif de plein emploi. Cependant, Pascal Brice ne considère pas cela comme une solution efficace contre la pauvreté. Bien qu’il reconnaisse qu’il est préférable de travailler plutôt que de rester inactif, il met en garde contre une potentielle supercherie qui pourrait accroître la pression sur les plus vulnérables. Il cite des ministres préconisant de réduire encore plus les protections, ce à quoi il est fermement opposé.
Un décalage entre la réalité des associations et la vision du gouvernement ?
Dans l’ensemble, Pascal Brice dénonce un écart parfois profond entre la perception du gouvernement et la réalité vécue par les associations sur le terrain. Il souligne notamment que les souhaits exprimés par Emmanuel Macron de rendre la France plus juste ne reflètent pas l’expérience des travailleurs sociaux et des bénévoles. Ceux-ci sont au plus proche des personnes aux prises avec des problèmes d’accès à la nourriture ou au logement.