Cela constitue l’élément le plus inattendu du nouvel exécutif. Un fort tempérament, engagé en provenance de la droite, une décision audacieuse au vu des reproches formulés à l’encontre de la récente ministre, mais aussi une manœuvre politique soigneusement calculée.
C’est une nouvelle qui a pris tout le monde de court… Une décision à l’initiative d’Emmanuel Macron, le président actuel, mais également de Nicolas Sarkozy, son prédécesseur. Rachida Dati, proche de Sarkozy depuis près de deux décennies, a toujours fait preuve d’une loyauté indéfectible envers lui. Ce pur produit du sarkozysme, ancienne ministre de la Justice, est une personnalité emblématique qui n’hésite pas à faire de vive voix part de ses opinions, une caractéristique qui lui distingue nettement des membres conventionnels de l’équipe précédente. L’arrivée de Rachida Dati, en lieu et place de l’austère Élisabeth Borne, marque indéniablement une transition dans l’ère macronienne.
Cette nomination remet en lumière une pratique de Emmanuel Macron qui consiste à piocher dans divers courants politiques. Rachida Dati est en effet l’une des personnalités marquantes de la droite qui en regorge de moins en moins. Un mal de plus pour Éric Ciotti qui l’a exclut du parti Les Républicains immédiatement après. Malgré le soutien apporté par la loi immigration, le parti LR voit sa force ébranlée. Cette nomination est également un défi à la justice et au monde de la Culture. En effet, Rachida Dati, suspectée d’« corruption » et de « trafic d’influence », est actuellement mise en examen pour avoir bénéficié de fonds douteux en provenance d’une branche de Renault.
Par ailleurs, avec le choix de Rachida Dati, Emmanuel Macron semble renforcer son adhérence au principe de la présomption d’innocence, il semble croire fermement qu’un jugement définitif est nécessaire pour exclure un membre du gouvernement. Il s’agit également d’une réplique à l’univers de la Culture, traditionnellement incliné vers la gauche, qui pourrait ne pas se réjouir de la nomination de cette personnalité. C’est également une réponse indirecte aux artistes outrés par sa prise de position sur l’affaire Gérard Depardieu.
Un pacte pour les élections municipales parisiennes de 2026
La nomination de Rachida Dati présente un risque juridique compte tenu des allégations pesant sur la nouvelle ministre, ainsi qu’un risque politique dû à son tempérament et à ses nombreux adversaires. Néanmoins, Emmanuel Macron a assuré sa loyauté en concluant un accord : Rachida Dati représentera les macronistes et la droite parisienne lors des élections municipales de 2026.
Par la même occasion, Emmanuel Macron écarte également deux de ses anciens protégés, ayant quitté le gouvernement à cause de dissensions internes liées notamment à l’affaire Depardieu ou à la loi immigration. Rima Abdul Malak, qui a dû abandonner le ministère de la Culture dans des conditions déplaisantes, et Clément Beaune, qui voit ses ambitions de conquête de la mairie de Paris s’effondrer. En politique, les revanches peuvent parfois être servies sur un plateau brûlant.