Philippe Rio, dans son rôle de maire de Grigny, située en Essonne, a personnellement subi deux attaques.
« Il est essentiel de transmettre ce message puissant, cependant il ne sera pas suffisant si les maires ne récupèrent pas leur capacité d’action », a déclaré Philippe Rio, maire communiste de Grigny en Essonne, le mardi 6 février. Son commentaire intervient alors que l’Assemblée nationale examine une proposition de loi visant à améliorer la sécurité des élus face à des actes de violence.
Philippe Rio a subi deux agressions dans sa propre ville, classée comme une des plus démunies de France. « Nous sommes confrontés à des situations de violence lorsque nous ne pouvons pas satisfaire des demandes qui sont parfois incroyablement extravagantes et où le bon sens n’est plus présent », a déclaré le maire de Grigny.
Augmentation des agressions
Plus de 2 300 actes de violence à l’encontre d’élus ont été rapportés en 2023, selon le ministère de l’Intérieur. Cela représente une augmentation d’environ 15% par rapport à 2022. « Il y a des individus qui passent à l’acte, qui profèrent des menaces d’une extrême gravité, qui menacent notre entourage, qui visent les agents du service public et s’en prennent à nous », a expliqué Philippe Rio. Il y voit le reflet d’une société où la violence est omniprésente. « Nous ne sommes pas épargnés parce que nous sommes au cœur de la société. Nous ne pouvons pas éviter un phénomène qui nous dépasse », a-t-il ajouté.
Le maire de Péage-de-Roussillon (Isère), André Mondage, a été sauvagement frappé à Avignon dans la nuit du 21 au 22 décembre 2023 par deux individus nationalistes alors qu’il était accompagné de sa fille métisse. « Cela dépasse les bornes. Il y a beaucoup de maires qui redoutent aujourd’hui d’exercer leur mandat », a affirmé Philippe Rio.
Suite à ses agressions, le maire de Grigny est parfois placé sous protection : « Il y a eu des adaptations nécessaires. Pendant les périodes de tension, on est parfois un peu plus encadré, on peut le dire ainsi. On fait attention. Cela peut impliquer une protection fonctionnelle », a-t-il expliqué.
Jusqu’à sept ans de prison pour les auteurs de violences
Le texte bipartisan adopté en première lecture au Sénat prévoit une aggravation des sanctions en cas de violence envers des élus locaux. Les peines pourront désormais aller jusqu’à sept ans de prison et une amende de 100 000 euros. Le texte prévoit également une « protection fonctionnelle » sur demande pour les élus locaux qui assument une fonction exécutive.
Philippe Rio a reçu en 2021 le titre de « meilleur maire du monde » par la City Mayors Foundation de Londres pour son combat notamment dans la lutte contre la pauvreté et sa gestion de la crise liée à la Covid. Le maire de Grigny reste optimiste et n’a jamais envisagé de démissionner : « J’ai des équipes extraordinaires. Il y a des habitants qui sont confrontés à des défis bien plus importants que les miens et qui continuent de se battre, de se mobiliser et d’y croire. Cet espoir est très vif et c’est pourquoi je me refuse d’abandonner. »