L’ex-Première ministre ainsi que d’anciens collaborateurs gouvernementaux font leur retour au sein de l’Assemblée Nationale, résultant en un désintérêt de la part de l’opposition tandis que les supporters de Macron entrevoient des espoirs.
Élisabeth Borne fait un retour remarqué à l’Assemblée Nationale dans une nouvelle position. L’ancienne chef du gouvernement prendra pour la première fois sa place de députée du Calvados, poste qu’elle a obtenu en 2022. Ses collègues députés de Renaissance lui ont réservé une ovation debout le mardi 12 février lors de la réunion de groupe qu’elle a ouverte avec un discours. « Je suis profondément émue de retrouver mes confrères et consœurs députés », a affirmé Élisabeth Borne avant de formuler un message politique : « Je suis convaincue que nous devons préserver l’unité de la majorité pour contrer la montée des idéologies extrêmes », a-t-elle précisé, semblant répondre aux suppositions quant à son éventuel leadership de l’aile gauche du groupe.
D’après sa requête, Élisabeth Borne siégera à la commission des Affaires étrangères, tout comme l’ex-porte-parole du gouvernement, Olivier Véran. Olivier Dussopt, ancien ministre du Travail, intègrera quant à lui la commission de la Défense. En somme, près d’une dizaine d’anciens membres du gouvernement, dont Bérangère Couillard, Clément Beaune, Carole Grandjean, Philippe Vigier, Agnès Firmin-Le Bodo et Olivier Becht, vont redevenir députés de base.
Une nécessaire orientation pour l’aile gauche ?
La plupart des collègues de Élisabeth Borne apprécient son message unificateur. Le député Renaissance Pieyre-Alexandre Anglade espère qu’elle aura une influence significative : « Évidemment, elle aura un rôle distinctif compte tenu de son parcours et de son histoire. Lorsque l’on a été Première ministre, on joue forcément un rôle particulier dans l’expression des idées, dans les prises de position et dans le poids politique. Je ne doute pas une seconde de la capacité de Élisabeth Borne à être une députée efficace. »
Cet avis n’est pas vraiment partagé par les groupes d’opposition. Interrogée sur le retour de Élisabeth Borne et de plusieurs anciens ministres, Mathilde Panot de La France Insoumise leur adresse ce message. « Ils vont peut-être comprendre ce que c’est que d’être parlementaire sous Macron, c’est-à-dire d’être dans un Parlement totalement méprisé. Ils verront ce que c’est de débattre avec des 49.3 qui anéantissent la totalité des votes de l’Assemblée nationale », a déclaré la députée.
Parmi ces ministres qui retournent à l’Assemblée, bon nombre étaient des membres ou des proches du Parti socialiste. Peut-on donc présager d’une coloration plus sociale au sein du groupe Renaissance ? Le socialiste Arthur Delaporte n’y croit pas. « Une aile gauche qui a conduit la réforme des retraites et la loi immigration, qui a bu la coupe jusqu’à la lie, je considère que c’est une aile sans morale, d’une gauche peut être du passé mais qui n’existe pas ou plus, juge-t-il. Je représente la gauche, je sais d’où je parle et où j’habite. Je crains qu’eux-mêmes soient totalement perdus, ou alors ils se situent aux confins de l’extrême droite. » Cependant, le député socialiste promet d’accueillir l’ancienne Première ministre avec tous les honneurs républicains.