Une semaine après les déclarations d’Emmanuel Macron concernant la fin de vie, des doutes et même des résistances émanent du groupe Renaissance à l’Assemblée.
Le projet de loi visant à légaliser l’assistance à la fin de vie a été anticipé par bon nombre de partisans, cependant, après la divulgation par le gouvernement des détails du texte, les discussions s’annoncent animées. Le 19 mars, pour la toute première fois, les représentants du parti Renaissance ont eu un échange avec Catherine Vautrin, la ministre chargée de la Santé et des Solidarités. Selon un député: « Le débat était apaisé, et a permis d’exposer des points de vue beaucoup plus nuancés que le simple démarcation entre progressistes et conservateurs. » Un autre membre de l’Assemblée a vu cette discussion comme « un véritable débat politique, en bonne et due forme« .
Les députés ont eu l’opportunité d’émettre des réserves sur certaines dispositions du projet de loi, comme la possibilité pour un proche d’administrer le produit létal si le patient est incapable de le faire lui-même. Une élue trouve cette proposition troublante et met en garde contre les « impacts psychologiques » pour celui qui exécute l’acte. De son côté, un député exercant en tant que médecin admet qu’il serait « mal à l’aise » à l’idée de le faire lui-même.
Des divergences sur les dispositions concrètes
Certains députés ont soulevé des questions sur différents aspects de la proposition de loi. Dans sa version actuelle, un seul docteur valide la décision du patient, après avoir discuté avec d’autres professionnels de santé. Certains députés Renaissance préférerait une décision « collégiale« , ce qui pose dès lors la question de la nécessité d’un accord unanime ou majoritaire.
L’autre préoccupation majeure est la durée de quinze jours que dispose le médecin pour prendre une décision, alors que l’état du patient peut se détériorer rapidement, empêchant certains malades de mener la procédure à terme. De manière générale, le concept de l’assistance à la mort est loué, mais des désaccords perdurent concernant les modalités réelles. Pour certains partisans du président Macron, l’extension de l’accès aux soins palliatifs à l’échelle nationale serait une avancée suffisante, sans avoir à recourir à l’assistance à la fin de vie.
Ces discussions politiques ne se limitent pas à un seul parti. Au sein du parti Horizon et du parti MoDem, des dissensions existent également. Chez les fidèles de François Bayrou, certains sont « absolument en faveur » tandis que d’autres sont « complètement opposés ». Une députée redoute des abus futurs : sa peur est que « les personnes âgées se sentent comme un fardeau et préfèrent donc mettre fin à leurs jours« . Un député exprime au contraire un soutien total à l’assistance à la fin de vie, afin de « donner la même liberté à tous, indépendamment de leurs moyens, alors qu’actuellement, seuls les riches peuvent se rendre en Suisse pour mettre fin à leurs jours« . Ces débats ne font que commencer puisque le projet de loi sera présenté à l’Assemblée le 27 mai prochain.