Comme de nombreux pays développés, la France est confrontée à un vieillissement de sa population et à un faible taux de natalité. Le Parlement a approuvé cette semaine une loi qui vise à aider les seniors à « bien vieillir ». Cependant, après des mois de débat, les députés de tous bords politiques craignent que le projet de loi final ne soit pas assez ambitieux.
Le projet de loi sur « le vieillissement en bonne santé et l'autonomie » a été définitivement approuvé par la chambre haute du Parlement mercredi, après le feu vert de la chambre basse la semaine dernière.
« Nous souhaitons tous une réforme ambitieuse pour relever le défi du vieillissement », a déclaré à France Info la députée Renaissance Annie Vidal.
L'une des quatre rapporteurs impliqués dans l'examen du projet de loi, elle a défendu le projet de loi comme étant « pragmatique ».
Mais il a été critiqué par les députés qui estiment que le texte est en deçà du plan plus large sur les soins aux personnes âgées et l'autonomie promis par le président Emmanuel Macron lors de son premier mandat.
« Bien qu'il comporte des avancées intéressantes, ce texte ne peut remplacer une stratégie globale proposée par le gouvernement », a déclaré Philippe Mouiller, sénateur du parti conservateur Les Républicains.
Les députés socialistes et verts se sont abstenus lors du vote tandis que le Parti communiste a rejeté le texte.
Il s'agit « d'un coup de pub pour donner l'illusion d'avancées sur ce dossier », selon la sénatrice communiste Cathy Apourceau-Poly.
Parmi les principales préoccupations figure la nécessité d'un plan clair pour le financement des soins aux personnes âgées.
Baisse du taux de natalité
Le taux de natalité en France continue de baisser, tandis que l'espérance de vie a augmenté. D’ici 2030, il y aura plus de personnes de plus de 65 ans que de moins de 15 ans.
Selon l'Insee, quelque 678 000 bébés sont nés en France en 2023, soit le chiffre le plus bas depuis la Seconde Guerre mondiale.
La première version du projet de loi a été déposée en avril de l'année dernière et a fait l'objet de mois de débat de la part des législateurs, qui ont pris en compte des centaines d'amendements.
L'un des articles du texte nouvellement approuvé impose au gouvernement de réviser le plan « tous les cinq ans », avec une première version requise avant le 31 décembre 2024.
Droits de visite
La loi protégera le droit de recevoir des visites quotidiennes dans les établissements de santé, ainsi que dans les lieux accueillant des personnes âgées ou handicapées.
Cela s’est produit après que de nombreuses familles ont été coupées de leurs proches pendant la crise du Covid-19.
Une visite ne peut être refusée que « si elle constitue une menace pour l'ordre public » ou « une menace pour la santé du résident » et celle des autres membres de l'établissement, précise la loi.
Le droit de rendre visite aux patients mourants ou aux personnes en soins palliatifs sera désormais inconditionnel, y compris en cas de nouvelle pandémie.
Selon la loi, les maisons de retraite et de retraite doivent également garantir à leurs résidents « le droit d'accueillir leurs animaux de compagnie », à condition qu'ils soient en mesure d'en prendre soin correctement.
La liste des animaux domestiques et leur taille maximale restent à définir.

Répression contre la maltraitance des personnes âgées
Des cellules dédiées seront mises en place dans chaque département français où les cas de maltraitance envers les personnes âgées pourront être signalés et centralisés.
Une nouveauté de la loi permet aux personnes tenues au secret professionnel – comme les soignants, les notaires et les banquiers – de pouvoir alerter l'unité sans s'exposer à des procédures disciplinaires.
Tous les professionnels des services à la personne, y compris les aides à domicile, se verront interdire de travailler s'ils ont été reconnus coupables d'un crime ou d'un délit. Cette règle élargit une mesure déjà appliquée dans les Ehpad et divers établissements médicaux.
Les responsables des structures peuvent également être informés d'autres incidents qui ne figurent pas au casier judiciaire d'un agent, comme une mise en examen ou une condamnation contestée en appel.
« L'objectif est d'éviter qu'un violeur continue à travailler pendant plusieurs années auprès de personnes vulnérables en attendant le jugement définitif », a déclaré le député Vidal à France Info.
« Les employeurs pourront prendre des mesures pour retirer la personne en question, notamment en l'affectant à un poste ne nécessitant pas de contact avec le public. »
Intervention précoce
Pour aider les personnes âgées dès les premiers signes de dépendance, des rendez-vous seront proposés dès 60 ans dans le cadre d'un « programme de détection précoce et de prévention de la perte d'autonomie ».
Dans le cadre de ce programme, déjà testé dans plusieurs régions de France, les personnes sont accompagnées pour choisir leur fauteuil roulant, leur monte-escalier ou leur appareil auditif, ainsi que pour aménager leur logement en fonction de leurs besoins.
Il sera également demandé aux maires de créer un registre des personnes âgées ou handicapées qui sollicitent certains services sociaux et de santé.
De tels registres sont déjà tenus sur une base facultative et permettent de vérifier auprès des personnes vulnérables en cas de canicule.