Selon une avocate basée en Seine-Saint-Denis, le plan d’action dévoilé par le Premier ministre dans le but de lutter contre les violences impliquant des mineurs est qualifié de « parfaitement populiste ». Cette professionnelle du droit ne manque pas de souligner le caractère démagogique de cette initiative, pointant du doigt une approche simpliste et spectaculaire plus axée sur la séduction de l’opinion publique que sur des solutions réellement efficaces. En effet, cette dernière estime que les mesures annoncées ne répondent pas de manière pertinente et constructive au véritable enjeu de la prévention et de la lutte contre les violences liées aux jeunes. Par conséquent, elle exprime ses réserves quant à la pertinence et à l’efficacité réelle de ce plan d’action présenté par le gouvernement.
Déplacement à Viry-Châtillon : Promesse de réinstaurer l’autorité
Le Premier ministre s’est rendu à Viry-Châtillon le jeudi 18 avril, où un adolescent de 15 ans, Shemseddine, a été agressé à mort à la sortie de son collège. Lors de sa visite, le Premier ministre a promis de rétablir l’autorité, en évoquant des mesures telles que l’atténuation du principe d’excuse de minorité et la mise en place de comparutions immédiates dès l’âge de 16 ans.
Cependant, ces propositions n’ont pas convaincu de nombreux avocats et magistrats. Pour Meriem Ghenim, avocate en Seine-Saint-Denis, ces annonces sont populistes et inutiles. Elle rappelle que les mineurs peuvent déjà être sanctionnés de manière sévère, y compris par des peines de prison.
L’excuse de minorité permet actuellement de réduire de moitié la peine encourue. Myrtis Vinas-Roudières, juge des enfants à Bobigny, s’interroge sur la nécessité de modifier ce principe. Elle estime que le risque de recevoir une peine plus lourde ne dissuadera pas davantage les jeunes délinquants.
« Avant tout, besoin d’accompagnement »
Trois ans après la réforme judiciaire des mineurs, les éducateurs et les moyens manquent, selon Albertine Munoz, juge d’application des peines. Selon elle, les juges des enfants prononcent des mesures éducatives qui mettent beaucoup de temps à être appliquées. Elle souligne que les jeunes en Seine-Saint-Denis ont surtout besoin d’un accompagnement.
En ce qui concerne la proposition de mettre en place des comparutions immédiates pour les jeunes dès 16 ans, Vaïté Corin, avocate en Martinique, la juge désastreuse. Pour elle, juger un mineur rapidement sans comprendre les raisons de son acte est une catastrophe.
Ces mesures remettent en question la primauté de l’éducatif sur le répressif, selon elle, et contredisent la jurisprudence constitutionnelle en vigueur.