Lors du Festival de Cannes qui s’est déroulé samedi, Leos Carax a présenté son film « C’est pas moi », initialement conçu pour une exposition qui n’a finalement jamais vu le jour. Cette projection a procuré un véritable instant de joie à l’audience.
Coiffé d’un chapeau, les yeux cachés derrière des lunettes de soleil, vêtu d’un long manteau en cuir usé, Leos Carax fait son entrée dans la salle Debussy du Palais des Festivals sous un tonnerre d’applaudissements, les spectateurs debout. D’un pas déterminé, le regard dirigé droit devant lui, il est accompagné dans son déplacement par son double cinématographique et son fidèle collaborateur, Denis Lavant, noeud papillon et la marionnette du film Annette délicatement tenue dans ses bras.
Réalisateur des Amants du Pont-Neuf, familier du tapis rouge, il présentait le samedi soir 18 mai son long-métrage C’est pas moi, dans la catégorie Cannes Première. Le film, qui sortira en salle le 12 juin, est une commande du Centre Pompidou pour une exposition « qui n’a jamais eu lieu ». Le musée avait sollicité le cinéaste pour répondre en image à la question suivante : « Où en êtes-vous, Leos Carax ? ».
Cette tâche semble avoir fortement inspiré le réalisateur. En 40 minutes, il nous dévoile une introspection où se mêlent joie et mélancolie pour illustrer tout ce qui compose sa vie, ses inspirations et son œuvre. L’enfance, déclinée autour de la figure du père – des pères, Carax en compte beaucoup -, l’amour, le cinéma, la musique, la guerre d’autrefois et celle d’aujourd’hui, ses admirations, ses aversions et son travail artistique, par fragments, comme des souvenirs resurgissant du passé.
« Ma retraite, mon imposture »
Ce voyage fascinant dans la vie de Leos Carax se déroule de manière vibrante, drôle et créative. Le metteur en scène s’amuse avec l’audience, taquin, ne se prenant jamais au sérieux. Il joue avec les images et les mots, dans un assemblage qui nous dépeint autant le portrait d’un homme, d’un artiste que des variations autour du temps qui passe, de cette notion « qu’un jour on se retrouvera dans un déjà vécu », avec cette appréhension « que le monde découvre ma retraite, mon imposture ».
Une pomme imaginée éternelle par la magie du cinéma, une galerie de dictateurs frénétiques, des chanteurs, des comédiennes et comédiens, des mots, des jeux de mots, ses chiens, une marionnette, les Femen, sa fille, Balzac en clin d’oeil, Bowie… En 40 minutes d’une densité saisissante, Carax nous livre une visite guidée de son univers qu’il expose dans un mouvement perpétuel et gai, infusant cette merveille de petit film que l’on aimerait emporter en sortant.
Les lumières se rallument, le public se lève, ovationne. Leos Carax allume sa cigarette, Denis Lavant joue les clowns. C’est un instant de joie et d’échange suspendu dans le temps, ce samedi soir à Cannes.
La fiche du film
Genre : Biopic, Drame
Réalisateur : Leos Carax
Acteurs : Denis Lavant, Ekaterina Yuspina, Loreta Juodkaite
Pays : France
Durée : 0h 40min
Sortie : 12 juin 2024
Distributeur : Les Films du Losange
Synopsis : Destiné à une exposition qui n’a finalement pas eu lieu, le musée Pompidou avait convié le cinéaste à répondre en images à une interrogation : Où en êtes vous, Leos Carax ? Il s’efforce de fournir une réponse, emplie de questionnements. A propos de lui-même, « son » univers. Je ne sais pas. Mais si je savais, ma réponse serait probablement que…