Canjuers (France) (AFP) – L'élite de la Légion étrangère française se prépare à assurer la sécurité à Paris lors des Jeux olympiques de cet été, bien loin des précédents déploiements du groupe dans des endroits comme la région troublée du Sahel en Afrique.
Les membres de la célèbre unité de combattants étrangers se rassemblent sur une base militaire du sud de la France, située à des centaines de kilomètres des rues bordées de cafés de Paris, où ils seront déployés dans quelques semaines seulement.
« Il n'y a pas de Tour Eiffel, mais nous sommes à Paris », dit le lieutenant Antoine aux troupes rassemblées autour de lui, qui, comme tous les légionnaires, ont dû changer de nom lors de leur adhésion.
Les casernes métalliques remplacent aujourd'hui les arènes rutilantes que ces soldats parcourront bientôt à la recherche d' »objets suspects » à l'aide de chiens et de drones.
La Légion étrangère, corps de quelque 10 000 soldats fondé il y a près de 195 ans, est la seule unité de l'armée française dans laquelle les ressortissants étrangers peuvent s'enrôler.
Ils peuvent demander la nationalité française après plusieurs années de service, ou plus tôt s'ils se sont illustrés au combat dans des pays comme le Niger, où ils ont combattu une insurrection islamiste.
Mais cet été, ils se rendront dans la capitale française, où les soldats travailleront aux côtés de la police dans le cadre du dispositif de sécurité renforcé du pays pendant les Jeux.
Les Jeux olympiques devraient avoir lieu du 26 juillet au 11 août, suivis des Jeux paralympiques du 28 août au 8 septembre.
« Beaucoup de facteurs »
Avant que l'exercice de recherche puisse commencer, le lieutenant Antoine veut s'assurer que les légionnaires – dont le français est souvent mauvais – comprennent comment se déroulera l'opération.
« Qu'est-ce qu'une unité K-9 ? » demande-t-il en français.
Un légionnaire a la bonne réponse – un chien policier – mais dans son népalais natal, pas en français.
La barrière de la langue n'est pas nouvelle pour cette unité, où une trentaine de nationalités travaillent côte à côte, mais s'associer à des forces de police et de sécurité privées peu habituées au caractère multiculturel de la légion constituera un défi.

Pour les préparer, un soldat joue le rôle d'un agent de sécurité peu communicatif, mais malgré cela, les légionnaires trouvent rapidement une bouteille remplie d'une substance suspecte et un chien renifle un objet en plastique de 500 grammes caché sous le plancher.
Satisfait de cette « détection assez rapide », le capitaine Aymeric a déclaré à l'AFP que ses hommes étaient prêts à rejoindre les quelque 20 000 militaires déployés pour les JO.
Mais le lieutenant Hugo, qui comme tous les militaires ne peut donner que son prénom, estime que Paris présente différents défis, notamment « la complexité et la densité de l'environnement urbain ».
Lors de précédents déploiements au Sahel, les soldats disposaient peut-être d'une journée entière pour fouiller un village, mais à Paris, ils fouilleront de vastes sites avec une durée limitée.
Fin janvier, le gouvernement français a réduit de moitié le nombre de personnes présentes à la cérémonie d'ouverture de juillet, passant de 600 000 à environ 300 000 personnes, en raison de problèmes de sécurité et d'organisation.
Il y a « beaucoup de facteurs, beaucoup d'acteurs », a déclaré le lieutenant.
« Me rend fier »
Originaire du Népal et enrôlé dans la FFL en 2018, le sergent « Ganesh » se dit conscient de l'importance du rôle de la légion cet été.
« Les JO me motivent encore plus », a déclaré l'ancien étudiant luxembourgeois, ajoutant que « travailler pour la France me rend fier ».

Le patriotisme n'est pas une exigence pour la légion, dont la devise, « Honneur et fidélité », fait passer la solidarité entre frères d'armes avant le sentiment national.
Il y a très peu de conditions pour ceux qui souhaitent s'enrôler : les candidats ne doivent pas avoir été condamnés pour des crimes graves comme le meurtre ou la pédophilie, être prêts au combat, être prêts à servir pendant cinq ans et apprendre le français.
Depuis le début de la guerre en Ukraine, les Biélorusses et les Russes ne peuvent plus s’y joindre.
Pour le reste, l'armée française laisse place au passé parfois mouvementé de ses légionnaires.
Pour beaucoup, la décision de rejoindre la légion étrangère est prise par ceux qui cherchent à commencer une « deuxième ou troisième vie », explique le capitaine Aymeric.
« Ce qui m'intéresse, ce n'est pas ce qu'ils ont fait avant », dit-il, « mais ce qu'ils sont prêts à faire pour nous ».