La transformation du manga en film invite le spectateur à une épopée émotionnelle à travers le temps.
Le manga est un savant mélange de passion romantique, d’art visuel bouleversant et de rythme bien orchestré – une véritable recette à succès. L’exemple type est Tunnel to Summer, un manga du genre shōjo, disponible à partir du 5 juin et spécialement conçu pour charmer les lycéennes japonaises.
Les mangas au Japon occupent une place similaire à celle des romans-feuilletons français de la fin du XIXème siècle, nés à la même période. Ils ont posé les bases des séries télévisées, et avant elles, du cinéma avec Louis Feuillade en 1916, des serials dans les années 40 et des franchises populaires comme James Bond, Star Wars ou Marvel. Ces formats ont su fidéliser et unir un vaste public, en permettant aux créateurs de développer les personnages et d’ajouter de la complexité aux scénarios. Tunnel to Summer, avec son adaptation cinématographique, ne déroge pas à cette règle.
Tunnel to Summer est une merveille de sobriété. Le dessin japonais se démarque ici par sa simplicité. Comme en calligraphie, le trait en est l’essence. C’est au travers de rails, de traverses en bois et d’un trou noir dans lequel les personnages plongent, que se joue l’histoire de deux adolescents. Artiste et étudiant en art, Kaoru a beaucoup de mal à surmonter le décès de sa petite sœur. C’est alors qu’il rencontre Anzu, qui l’introduit à un tunnel magique, qui a le pouvoir de le faire avancer, et plus encore. En effet, le tunnel accorde à celui qui est assez courageux pour s’y aventurer son souhait le plus cher.
Cependant, ce tunnel obscur a un piège : plus on y reste, plus le temps passé à l’intérieur est amplifié lors de la sortie – on y vieillit plus rapidement. Guidé par Anzu, Kaoru retrouve sa sœur, ce qui l’aide à apaiser sa peine. Alors que les allers-retours se multiplient, intercalés avec les cours et l’école, ses camarades commencent à s’intéresser de plus en plus à ce tunnel qui semble devenir un aimant.
L’espoir à la fin du tunnel
Ce tunnel horizontal sert de métaphore à un traumatisme profond. Dans Rêves (1990), un film à sketches de Akira Kurosawa, un soldat japonais de la Seconde Guerre mondiale se confronte à lui-même face à un tunnel similaire. Dans notre histoire, Kaoru est accompagné, mais il traverse le même processus d’introspection, réveillant ses propres démons intérieurs. Ces fantômes sont omniprésents dans la culture et le quotidien nippon. Mei Hachimoku, l’auteure, et Tomohisa Taguchi, le réalisateur et adaptateur, les convoquent avec sensibilité.
Cependant, le film n’est pas une tragédie sombre. Au contraire, la lumière apparaît au bout du tunnel, symbolisant une transformation qui conduit Kaoru de la perte de sa petite sœur à la rencontre salvatrice avec Anzu. Sans rien dévoiler, on peut affirmer que l’amour est au rendez-vous à la fin de ce parcours, dans ce ravissant film d’animation, lauréat du Prix Paul Grimault lors du dernier Festival du film d’animation d’Annecy.
Détails supplémentaires
Genre : Animation Romance/Science-fiction
Réalisateur : Tomohisa Taguchi
Pays : : Japon
Durée : 1h24
Sortie : 5 juin 2024
Distributeur : : Star Invest films France
Synopsis : D’après une légende urbaine, le mystérieux tunnel d’Urashima offre à celui qui ose y pénétrer ce qu’il désire le plus au monde. Mais ce don a un coût : le temps passé dans le tunnel se compte en heures ou même en jours une fois à l’extérieur ! Kaoru, un jeune lycéen ayant du mal à accepter la perte de sa petite sœur, va se lier avec Anzu, une jeune fille mystérieuse qui lui propose son aide pour tenter l’expérience. Mais qu’espère-t-elle en retour ? Et que restera-t-il à Kaoru après son passage à travers le tunnel ?