Selon l’historien Jean Garrigues, « l’objectif du chef de l’État est d’allonger cette période le plus possible, dans le but de rétablir son image et sa popularité. »
Attendre aussi longtemps entre des élections législatives et la désignation d’un Premier ministre « est sans précédent sous la Ve République », a déclaré Jean Garrigues sur 42mag.fr le jeudi 15 août, alors que la période de « trêve politique » sollicitée par Emmanuel Macron, en raison des Jeux olympiques, se poursuit en même temps que les célébrations du Débarquement de Provence.
« Le souhait du président de la République est de prolonger cette période le plus longtemps possible, afin de tenter de rehausser son image et de légitimer les choix politiques qu’il est en train d’opérer », analyse l’historien.
Ce dernier rappelle qu’« il y a eu des manifestations de retournements d’attitude (« palinodies » selon les termes utilisés) de ce genre sous la IIIe ou la IVe République, où un certain individu était désigné, mais finissait par se désister ». « De tels événements se sont déjà déroulés par le passé, mais une attente aussi longue est sans précédent dans notre histoire », souligne-t-il.
L’historien envisage « une transformation culturelle »
Il ne qualifie cependant pas cette situation d’« instabilité », car « un gouvernement assure la gestion des affaires de manière provisoire ». Néanmoins, il anticipe « une transformation culturelle prochaine », en arguant que « les structures de la Ve République sont conçues pour permettre une forte majorité présidentielle », et que « cette majorité n’est plus d’actualité ». « Il est nécessaire de trouver des adaptations pour répondre au nouveau champ politique fragmenté en trois, voire quatre entités », précise-t-il, en rappelant que les Républicains constituent le principal groupe parlementaire si l’on prend en compte à la fois l’Assemblée et le Sénat.