Alors que cela fait déjà plus de six semaines depuis les élections législatives, le président de la République n’a pas encore nommé de nouveau Premier ministre. Entre vendredi et lundi, il rencontre les dirigeants des différents partis politiques ainsi que ceux des groupes représentés au Parlement.
Le président continue de tenir en haleine. Emmanuel Macron a convoqué, ce vendredi 23 août, les leaders des groupes parlementaires et des partis politiques à l’Elysée. Le but de « cette série de dialogues » est de désigner un nouveau Premier ministre, alors que l’Assemblée nationale n’a pas clairement de majorité depuis le second tour des élections du 7 juillet. Le temps presse : cela fait maintenant 47 jours que les élections ont eu lieu, et la France n’a pas encore nommé de nouveau gouvernement. C’est un record pour la Ve République, qui commence à agacer la gauche, arrivée en tête à l’Assemblée avec 193 députés mais encore loin de la majorité absolue (289 sièges). 42mag.fr vous présente un aperçu des attentes liées à ces rencontres.
Les partis politiques conviés vendredi et lundi
Emmanuel Macron, qui avait appelé à une « trêve politique » durant les Jeux olympiques, a également laissé passer les célébrations du débarquement de Provence avant d’inviter à l’Elysée les chefs des partis et les présidents de groupe au Sénat et à l’Assemblée nationale. Les représentants des principales composantes du Nouveau Front populaire (NFP), dont Olivier Faure pour le PS, Marine Tondelier pour les Ecologistes, Emmanuel Bompard pour La France insoumise et le communiste Fabien Roussel, seront accompagnés par leur candidate pour Matignon, Lucie Castets. Ils seront reçus en premier, à 10h30 vendredi matin, un choix justifié par l’Elysée qui considère le NFP comme la première force politique à l’Assemblée.
La droite, représentée par Laurent Wauquiez, fera sa présentation dans l’après-midi. Les leaders du Rassemblement national (RN), incluant Marine Le Pen, le président Jordan Bardella et leur allié, toujours président des Républicains, Eric Ciotti, qui n’ont aucune intention de se joindre à une coalition gouvernementale, seront reçus lundi à 10 heures.
Un Premier ministre sera nommé « à l’issue » des consultations
Emmanuel Macron cherche à interroger les différents groupes politiques en vue de la nomination d’un nouveau Premier ministre. Cette désignation « interviendra à l’issue de ces discussions et de leurs résultats », a indiqué l’Elysée aux médias le vendredi 16 août. Pour le moment, le président reste fidèle à ses déclarations faites dans sa lettre aux Français du 10 juillet, où il appelait à un consensus parmi les forces politiques. « Les électeurs ont exprimé lors des élections législatives un désir de changement et d’un large rassemblement. Dans un esprit de responsabilité, tous les dirigeants politiques se doivent de travailler à concrétiser cette aspiration », a souligné l’entourage du président.
Il est encore difficile de déterminer quelle décision Emmanuel Macron prendra. Contraint par sa décision de dissolution, le président doit collaborer pendant au moins un an avec cette Assemblée actuelle. En outre, il a d’ores et déjà écarté le nom de Lucie Castets dès le 23 juillet. D’autres noms circulent, tels que l’ancien ministre socialiste de l’Intérieur, Bernard Cazeneuve, ou le président de la région Hauts-de-France, Xavier Bertrand, mais ces informations doivent être prises avec précaution. Peu de commentateurs politiques avaient anticipé le nom de l’ancien Premier ministre Jean Castex lors de sa nomination en 2020.
Les groupes politiques dans l’attente
Les différentes formations à l’Assemblée sont dans l’attente d’un échange avec Emmanuel Macron pour se prononcer sur l’avenir. Le NFP persiste dans sa volonté de voir Lucie Castets devenir Première ministre. Les représentants de gauche se sont dit satisfaits que leur candidate soit aussi reçue par le président. Cela pourrait-il être un signe d’espoir ? La candidate de gauche envisage de faire savoir au président de la République que « l’inertie a duré trop longtemps, et que personne ne le comprend « , a-t-elle déclaré à Libération. Elle assure également qu’elle saura « trouver des accords » au sein du Parlement.
Du côté de la droite, une alliance établie avec Les Républicains de Laurent Wauquiez a permis le maintien à son poste de la présidente sortante Yaël Braun-Pivet à la tête de l’Assemblée nationale à la mi-juillet. Cependant, les députés de droite refusent tout accord gouvernemental. Le député LR de Moselle, Fabien Di Filippo, a rappelé vendredi sur 42mag.fr que son parti « ne souhaite pas faire partie d’une coalition ». Laurent Wauquiez ayant déclaré le 11 juillet que le centre du pouvoir se situait désormais à l’Assemblée, il avait plutôt proposé un « pacte législatif ». Les Républicains annoncent qu’ils soumettront une motion de censure à tout gouvernement intégrant des ministres de LFI.
À la suite de sa défaite, le RN, qui est maintenant la troisième force au sein de l’Assemblée, maintient son flou sur ses intentions et sa stratégie concernant le prochain gouvernement. Positionnés dans l’opposition et n’ayant pas l’intention de rejoindre le futur gouvernement, les leaders du RN n’ont pas beaucoup d’attentes pour cette rencontre, déjà qualifiée par le député RN Franck Allisio d’« artifice de communication » de la part de Macron sur France Inter. Cependant, cette réunion donnera l’occasion de rappeler qu’avec 126 députés – 142 en incluant leurs alliés proches d’Eric Ciotti – contre 89 sièges dans la précédente législature, le RN entend avoir un poids significatif dans l’hémicycle. Le groupe est « suffisamment nombreux », en effet, « pour déposer des motions de censure », avertit la vice-présidente du RN, Edwige Diaz, sur franceinfo mardi. Un avertissement qui s’adresse particulièrement au NFP.