Dès ce vendredi, Emmanuel Macron entame des discussions avec les dirigeants de partis et les leaders des groupes au sein du Parlement afin d’évoquer la composition future du gouvernement. La rencontre avec le Rassemblement National (RN) est programmée pour le lundi suivant. Bien que ce groupe soit officiellement écarté des échanges, il demeure néanmoins inévitable en raison de son influence significative à l’Assemblée nationale.
À partir du vendredi 23 août, Emmanuel Macron entame une série de réunions avec les acteurs politiques pour discuter de la composition future de son gouvernement. Toutefois, les entretiens avec Jordan Bardella et Marine Le Pen ne se tiendront que le lundi 26, tandis que les leaders du Rassemblement national ont choisi de se faire discrets pendant toute la saison estivale. Cela n’est pas dû à une mauvaise performance du RN lors des dernières élections législatives. C’est une pratique établie : les vacances d’été revêtent une grande importance pour le RN. Marine Le Pen, fidèle à la tradition, se rend souvent invisible durant cette période chaque année, et Jordan Bardella semble suivre le même chemin. Leur philosophie est simple : c’est inutile de se précipiter alors que les Français sont en mode détente.
Cette année ne fait pas exception, bien qu’elle soit marquée par des circonstances particulières. Alors que la formation du gouvernement post-législatives est toujours attendue et que le paysage politique a été plutôt agité durant l’été, le RN est resté silencieux. En fait, la seule apparition médiatique notable fut une photo publiée sur Instagram et TikTok par Jordan Bardella, où il se montre en train de profiter du soleil au bord de la mer.
Cependant, ils ont tout de même émis quelques messages sur X ces dernières semaines, félicitant les sportifs olympiques, rendant hommage à Alain Delon, souhaitant une bonne fête de l’Assomption aux Français le 15 août, et commémorant le Débarquement de Provence. Marine Le Pen a également publié deux déclarations politiques, l’une visant à demander l’interdiction du burkini, et l’autre critiquant la participation de Lucie Castets à une rencontre à l’Élysée avec les dirigeants du NFP. Cela reste cependant limité. Malgré leurs 126 députés, le RN semble seulement spectateur des débats politiques en cours.
142 voix à l’Assemblée avec le groupe allié d’Éric Ciotti
Le RN se classe comme le premier groupe à l’Assemblée nationale, surpassant chaque groupe de gauche pris individuellement, ainsi que le groupe dirigé par Gabriel Attal. Malgré cela, à l’exception d’Emmanuel Macron qui rencontrera Marine Le Pen et Jordan Bardella le lundi, les autres responsables politiques les ignorent. Le front républicain demeure intact. Gabriel Attal propose aux autres formations parlementaires un pacte d’action, mais a écrit à tout le monde sauf à l’extrême droite et aux insoumis. Parallèlement, le NFP, avec sa candidate pour Matignon, envoie des correspondances à tous les députés, à l’exception de ceux du RN.
Les intentions de collaboration à leur égard semblent inexistantes, laissant le RN en position de témoin plutôt que d’acteur. Cela dit, leur rôle de spectateur détient un poids non négligeable. En effet, en s’associant au groupe d’Éric Ciotti, le RN procède avec 142 voix à l’Assemblée nationale, ce qui lui confère une influence importante. Par conséquent, si la gauche envisage de renverser un gouvernement qui lui déplaît, elle ne pourra pas y parvenir sans le soutien du RN. De même, si l’ancienne majorité désire faire tomber un gouvernement éventuellement dirigé par des ministres de La France insoumise, elle devra compter sur les voix du RN pour toute motion de censure. Ces voix seront également cruciales lors des votes sur différents textes législatifs. Autrement dit, bien que de manière officielle, le RN soit mis de côté, sa présence sera en réalité incontournable au sein de l’Assemblée.