Les déclarations récentes du nouveau ministre de l’Intérieur, issu des rangs de Les Républicains, ont provoqué des tensions au sein de ses partenaires du centre. Le Rassemblement National envisage de tirer parti de cette situation.
Les propos controversés de Bruno Retailleau
Ses récentes déclarations ont suscité des réactions vives et contrastées au sein de la classe politique. Bruno Retailleau, récemment nommé au poste de ministre de l’Intérieur sous le gouvernement de coalition formé par Michel Barnier réunissant la droite et certains membres de la mouvance macroniste, a affirmé dans des interviews fin septembre que selon lui, l’immigration ne représentait pas « une chance » et que l’« État de droit » ne constituait ni une entité « intangible » ni « sacrée ». Ces paroles ont provoqué l’indignation parmi certains supports macronistes, tandis qu’elles ont été chaleureusement accueillies par le Rassemblement national (RN). « Quand on l’écoute, on pourrait croire qu’il est l’un de nos porte-parole », plaisantent souvent certains cadres du RN, cherchant ainsi à ébranler la stabilité du nouvel exécutif.
Bien que des divergences existent, plusieurs individus sont en accord avec la position de Retailleau. « Il s’exprime comme nous », déclare un député à 42mag.fr. Pour un proche de Marine Le Pen, la présence du nouvel occupant de Beauvau incarne même un changement culturel, radicalisant l’ensemble du discours politique. « Il est plus conservateur que nous ! », s’exclame-t-il. Un membre influent du groupe mariniste à l’Assemblée nuance, cependant, en affirmant que ce n’est pas la première fois qu’un membre d’un parti de droite utilise un discours similaire à celui du RN. Le parti se montre donc prudent dans ses relations avec Retailleau, assurant qu’il n’y a eu ni rencontre ni contact avec lui. « Nous savons bien qu’il n’aura pas les moyens d’aller jusqu’au bout de ses intentions, nous n’y croyons pas », tranche un élu.
Parier sur un échec… pour en tirer profit
En tant que parti d’opposition, le RN attend désormais des preuves concrètes pour miner la crédibilité du ministre. Le 31 octobre constitue une date cruciale : ce jour-là, le parti de Jordan Bardella prévoit de soumettre plusieurs propositions au Palais-Bourbon, notamment sur les peines minimales obligatoires et le rétablissement de la double peine. « Voyons comment réagira le gouvernement face à cela », lance un député comme défi. D’après un proche de Le Pen, les positions de Retailleau pourraient servir au RN à enrichir leurs exigences, tout en le critiquant de ne pas aller assez loin. Le parti se revendique habile dans sa constante insatisfaction.
Un ministre issu de la faction macroniste révèle que l’ex-sénateur vendéen se retrouve isolé par certains de ses pairs. « Il n’a jamais caché sa proximité idéologique avec le RN », se désole-t-il. Pour lui, Retailleau représente surtout, pour Michel Barnier, un potentiel lien avec le RN, que le Premier ministre n’hésite pas à considérer comme faisant partie de la vaste communauté républicaine.