Samedi, le président de la France a exprimé son souhait d’interrompre l’envoi d’armements vers Israël, provoquant la fureur du chef du gouvernement israélien.
Les relations entre la France et Israël ont subi un refroidissement notable durant une période de commémoration marquant le premier anniversaire des événements du 7 octobre. La tension a grimpé samedi 5 octobre, entre Emmanuel Macron et Benyamin Nétanyahou. Cette montée de tension a été déclenchée par la déclaration du président français soutenant l’arrêt des livraisons d’armes à Israël, employées dans la bande de Gaza, provoquant l’indignation du Premier ministre israélien. Une conversation téléphonique a eu lieu entre les deux dirigeants dimanche pour tenter de calmer la situation, réalisée « avec franchise et dans le respect de l’amitié franco-israélienne » , selon des sources de l’Élysée. Franceinfo revient en détail sur ce week-end sous haute tension à travers trois événements clés.
1 Les déclarations d’Emmanuel Macron
Le samedi, la situation a pris une tournure particulière suite à la diffusion d’une interview d’Emmanuel Macron sur France Inter. Cet entretien, enregistré mardi, soit avant que les missiles iraniens n’atteignent Israël, a été réalisé dans le cadre du 19e Sommet de la francophonie. Le président y affirme que la priorité pour amoindrir les tensions au Proche-Orient est de revenir à une issue politique, en mettant un terme aux livraisons d’armes menant les combats à Gaza. « La France n’en livre pas », a-t-il souligné.
Jean-Louis Thiériot, ministre délégué auprès du ministre des Armées, a réaffirmé dimanche sur 42mag.fr que la France ne fournissait pas d’armements à Israël. En mars, Sébastien Lecornu, ministre des Armées, avait précisé que les composants militaires envoyés à Israël servent uniquement à des « systèmes de défense », comme le « Dôme de fer », conçu pour parer aux attaques de roquettes et de missiles.
Emmanuel Macron, dans cette interview, a exhorté Benyamin Nétanyahou à prendre en compte les avertissements de la communauté internationale. « Le peuple libanais ne doit pas subir le même sort, et le Liban ne doit pas devenir un nouvel espace de tensions comme Gaza », a évoqué Macron, se référant aux opérations militaires israéliennes contre le Hezbollah au Liban. « Nous avons appelé ces derniers jours à la cessation des opérations », a-t-il ajouté, arguant qu’« on ne combat pas le terrorisme au détriment des civils. »
Emmanuel Macron a exprimé un sentiment d’inaudibilité de ses avertissements par le Premier ministre Nétanyahou, qu’il qualifie d’erreur, même pour la sécurité future d’Israël. « On le perçoit bien dans nos opinions publiques, un ressentiment s’installe, une haine est alimentée par cette situation », a-t-il conclu.
2 La riposte de Benyamin Nétanyahou
Les réactions du Premier ministre israélien ont été immédiates. « Alors qu’Israël est en lutte contre les forces barbare sous l’influence de l’Iran, tous les états civilisés devraient soutenir Israël sans réserve », a-t-il déclaré dans une vidéo publique intitulée « Mon message à Macron ».
« Cependant, le président Macron et d’autres leaders occidentaux suggèrent des embargos sur les armes contre Israël. Ils devraient avoir honte »
Benyamin Nétanyahou, Premier ministre israéliendans une vidéo
La réaction de Nétanyahou visait également les décisions de plusieurs nations occidentales, telles que le Canada, l’Espagne, l’Italie et le Royaume-Uni, qui ont suspendu leurs transferts d’armements vers Israël ces derniers mois. « Israël combattra jusqu’à triompher, non seulement pour notre propre bien, mais aussi pour la paix et la sécurité mondiale », a-t-il ajouté avec détermination.
3 Une discussion téléphonique pour dissiper les tensions
Pour éviter une rupture diplomatique entre Paris et Tel-Aviv, un échange téléphonique a eu lieu dimanche entre les deux leaders. « Au cours de cet entretien, le président français et le Premier ministre israélien ont discuté longuement et de manière directe et amicale de la situation au Proche-Orient », a rapporté l’Élysée dans un communiqué. Le palais présidentiel a précisé que « les deux dirigeants reconnaissent leurs divergences d’opinion tout en cherchant à bien se comprendre ». Emmanuel Macron a réitéré à son homologue israélien « sa conviction qu’un cessez-le-feu est nécessaire ».
Durant cette conversation, Emmanuel Macron a de nouveau affirmé à Benyamin Nétanyahou l’engagement constant de la France envers la sécurité d’Israël, soulignant le recours à des moyens militaires français pour sa défense après les agressions iraniennes récentes, a indiqué l’Élysée. Le président français a également fait part de « la solidarité du peuple français avec le peuple israélien, notamment envers les victimes, les otages et leurs familles ».
En réponse, le bureau de Benyamin Nétanyahou a mentionné que le Premier ministre avait sollicité le « soutien » du président français, exprimant que « les amis d’Israël doivent le soutenir sans imposer de restrictions, ce qui ne ferait qu’encourager l’axe iranien. » Il a décrit l’offensive contre le Hezbollah comme une « chance de transformer la situation au Liban en faveur de la stabilité, la sécurité et la paix dans toute la région. »