Pour la dirigeante de la CFDT, c’est avant tout une question de « stratégie médiatique ». Le Rassemblement National suggère d’annuler la réforme, ce que Marylise Léon considère comme « complètement irresponsable » et « infructueuse ».
« C’est à la fois une tromperie et une impasse », déclare avec irritation Marylise Léon, la secrétaire générale de la CFDT, lors d’une intervention sur France Inter le mardi 8 octobre. Ceci en réaction à l’annonce du Rassemblement national, qui prévoit de dévoiler une proposition pour abroger la réforme des retraites lors de sa session parlementaire en fin de mois. La dirigeante de la CFDT considère cela comme « un coup de communication » de l’extrême droite.
Elle qualifie cette initiative de « complètement irresponsable », en soulignant que « elle ne va nulle part car elle ne sera pas adoptée par le Sénat ». Léon souligne que le projet du RN vise à « éliminer l’âge de départ à 64 ans pour revenir à 62 ans, et réduire les années de cotisation de 43 à 42, ce qui entraînerait un déficit supplémentaire de 15 milliards d’euros dans le système de retraite de base ». En échange, le parti propose « d’augmenter certains impôts », ce qui selon elle, « altère le fondement même du financement des systèmes de retraite ».
Marylise Léon accuse le RN de vouloir « affaiblir le système de retraite par répartition, basé sur les contributions ». Elle critique en ajoutant qu’« ils trompent les travailleurs en leur faisant croire que leur proposition représente une solution, ce qui n’est pas le cas ». La responsable de la CFDT insiste sur le fait que son organisation ne coopère pas avec l’extrême droite, qui dans son programme privilégie « les inégalités, l’absence de solidarité, la division, la stigmatisation et la recherche de boucs émissaires », des valeurs « opposées à celles défendues par la CFDT ». « Nous ne collaborons pas avec ces partis », réaffirme-t-elle.
La CFDT réclame « une discussion sur les dépenses »
La leader syndicale souligne également que la CFDT milite pour « une généralisation de la retraite progressive dès 60 ans, sans conditions ». Elle exprime l’espoir que le futur gouvernement engagera un dialogue avec les syndicats sur divers sujets, dont « la pénibilité, les enjeux liés aux femmes, la situation des personnes ayant cotisé à plusieurs régimes de retraite et le financement global ». Léon mentionne que les syndicats ont « des suggestions » à proposer au Premier ministre, tout en réaffirmant une ferme opposition à un report de l’âge légal de la retraite de 62 à 64 ans. « Si nous sommes autour de la table avec Michel Barnier, je démontrerai sans relâche que 64 ans, c’est injuste », poursuit-elle avec conviction.
En général, Marylise Léon appelle le nouveau Premier ministre à favoriser davantage de discussions ouvertes. « Nous appelons à une conférence sur les finances publiques, avec une attention portée aux dépenses et aux retraites », déclare-t-elle. Elle affirme que la procédure budgétaire « ne doit pas se faire discrètement, en passant par les médias ».