Selon Cédric Mas, intervenant sur 42mag.fr ce mercredi, l’idée qu’une brigade unique puisse changer la donne n’est pas réaliste; il souligne même les risques potentiels que cela pourrait entraîner. Bien qu’elle soit mise en avant comme l’exemple parfait de la stratégie militaire française, l’expert craint que cette brigade ne devienne une cible privilégiée.
Une initiative française de formation militaire de grande envergure
Mardi 9 octobre, sur 42mag.fr, l’historien militaire Cédric Mas s’est exprimé sur la mise sur pied d’une brigade ukrainienne entièrement formée par la France, qualifiant cette démarche d’une importance potentielle considérable, si elle devait être appliquée à une plus grande échelle. Le même jour, Emmanuel Macron était en visite dans un camp militaire situé dans le Grand Est, où l’armée de Terre française a démarré la formation de 2 300 soldats appartenant à la 155e brigade interarmes ukrainienne. Les soldats se voient dotés de matériel militaire français, comprenant des véhicules « de l’avant blindée » d’anciennes générations, des canons Caesar, ainsi que des véhicules reconnus comme les AMX10-RC.
Selon Cédric Mas, l’intérêt principal de cette initiative réside dans le transfert de « savoir-faire » crucial pour ces militaires. Il insiste sur l’importance de maîtriser non seulement « la manipulation » des équipements, mais aussi leur utilisation tactique et stratégique efficace sur le terrain. Ces matériels ayant été conçus suivant une doctrine militaire distincte, il souligne que les officiers ukrainiens, généralement issus des écoles de l’ancienne armée soviétique, doivent s’adapter à ces nouvelles méthodes.
Suite aux développements du conflit, il observe une difficulté persistante au niveau du commandement ukrainien, qui ne bénéficie pas de l’expertise occidentale en matière de retour d’expérience et de l’usage combiné de divers équipements militaires occidentaux.
Une démonstration du savoir-faire militaire français
Cependant, Cédric Mas alerte sur le fait qu’ « une seule brigade ne peut pas inverser le cours des choses, cela peut même se révéler risqué ». Lorsqu’elle sera mise en service en Ukraine, cette brigade destinée à être « un exemple de la doctrine militaire française » pourrait devenir une cible privilégiée pour l’armée russe, qui chercherait à démontrer l’inutilité du soutien occidental, en essayant de lui causer des revers ou des pertes.
Il regrette que cette assistance arrive peut-être trop tardivement. « Si la brigade avait été prête à entrer en action avant l’offensive de l’été 2023, cela aurait pu changer la dynamique du conflit. Cependant, elle reste insuffisante en comparaison avec la taille conséquente de l’armée ukrainienne qui compte environ 80 brigades », note-t-il.
Cédric Mas précise qu’une telle formation ne constitue pas une preuve de « l’implication » directe de la France sur le champ de bataille ukrainien, souignant que « les lignes rouges posées par Vladimir Poutine n’ont de signification que celle qu’on souhaite leur octroyer ».