Dans l’édition de « Tout Public » du mercredi 23 octobre 2024, l’émission aborde plusieurs sujets captivants. Emmanuel Leclère y présente son ouvrage intitulé « Bouaké : hautes trahisons d’Etat ». Par ailleurs, Adrien Gombeaud s’intéresse à la popularité croissante des films biographiques, tandis que l’économiste Julien Pillot analyse la situation actuelle de l’industrie des jeux vidéo, en lien avec l’événement de la Paris Games Week.
Une affaire non résolue à Bouaké
Le 6 novembre 2004 marque un tournant tragique en Côte d’Ivoire, lorsque neuf soldats français perdent la vie et trente-cinq autres sont blessés dans un raid aérien sur Bouaké. Ces militaires faisaient partie d’une mission destinée à soutenir la paix, en action conjointe avec l’ONU. À l’horizon 2021, un procès notable se déroule à Paris pour juger les responsables de cette attaque. Cependant, la justice française ne parvient pas à ramener à la barre les pilotes mercenaires biélorusses et ivoiriens, principaux exécutants de cette opération meurtrière. Aucune complicité, aucun commanditaire clairement désigné, laissant juste la piste des assaillants. Pourtant, quelques jours à peine après l’incident, au Togo, le principal suspect aux côtés de complices présumés sont appréhendés mais relâchés sans être interrogés par la France, échappant ainsi à toute poursuite.
Dans son ouvrage Bouaké : hautes trahisons d’État, Emmanuel Leclère reconstitue cette affaire en dévoilant une enquête parallèle. Lors de ce procès qu’il couvre comme reporter pour France Inter, il est frappé par l’absence criante des accusés dans le box. Se demandant d’abord quelle matière il pourrait couvrir durant ces trois semaines de procès avec un box vide, le journaliste s’interroge rapidement sur cette anomalie.
« C’est ça l’histoire : s’il n’y a personne dans le box des accusés, qu’est-ce qui a cloché ? »
Emmanuel Leclère42mag.fr
Dans ses recherches, l’auteur plonge dans des documents auparavant classifiés durant vingt ans. Selon lui, cette longue attente permet enfin de lever le voile sur certaines pièces du dossier, dévoilant ainsi l’implication de hauts fonctionnaires français et la figure troublante de Robert Montoya, un marchand d’armes lié à cette affaire.
Bouaké : une haute trahison d’État par Emmanuel Leclère est désormais accessible au public en librairie.
Les biopics, entre fascination et lissage
Dans « Tout Public », la sortie du film biographique sur Aznavour suscite la question : les biopics dominent-ils la scène cinématographique ? Ce genre, en vogue depuis plusieurs années, suscite l’analyse d’Adrien Gombeaud, critique de cinéma pour Les Echos et écrivain, notamment connu pour ses ouvrages comme Des Blondes pour Hollywood et Clopes en scope : Tabac et cinéma.
Gombeaud observe que les biopics tendent souvent à simplifier la complexité de la vie des personnalités, imputant ce défaut aux pratiques de l’industrie cinématographique plutôt qu’au genre lui-même. De nombreux films biographiques manufacturés pour un public large perdent en authenticité en nivelant les histoires des célébrités. Néanmoins, Gombeaud met en avant des œuvres comme Saint-Laurent de Bertrand Bonello et I’m Not There sur Bob Dylan, qui parviennent à préserver cette singularité.
« Le biopic n’est pas en soi un genre mauvais. Il y a des chefs-d’œuvre du cinéma qui sont des biopics. (..) Le problème n’est pas le biopic, c’est la façon dont on le fait. »
Adrien Gombeaudà 42mag.fr
Selon lui, les biopics souffrent aujourd’hui d’une constante « standardisation », reflet d’une uniformisation qui dépasse le cadre du cinéma : « toutes les voitures se ressemblent, on s’habille tous un peu pareil. C’est un symptôme qui dépasse le cinéma. »
Paris Games Week : État des lieux du marché vidéoludique
Alors que la Paris Games Week ouvre ses portes le 23 octobre 2024, « Tout Public » a consulté l’économiste Julien Pillot pour évaluer le secteur du jeu vidéo. Bien que le domaine soit en proie à des restructurations et à la suppression de 30 000 emplois au cours des deux années passées, le diagnostic de Julien Pillot présente un panorama mitigé. La hausse des coûts de production accentue le risque d’échec commercial et met en lumière la pression des actionnaires pour des rentabilités accrues, liée à la financiarisation du secteur.
Pour autant, il n’y a pas lieu de s’alarmer sur un plan global. L’industrie vidéoludique continue d’enregistrer une croissance. Julien Pillot souligne que le jeu vidéo est un secteur vivace, réunissant une audience mondiale diversifiée, allant des joueurs occasionnels jusqu’à la scène de l’e-sport. Par ailleurs, de grands titres attendus en 2025, tels que GTA 6, le nouveau Fable, et le prochain Doom, promettent de raviver l’enthousiasme des joueurs.
Une émission animée par Matteu Maestracci.