Le label « Young Stoner Life Records », fondé par Young Thug, cachait en réalité les activités d’un gang connu sous le nom de « Young Slime Life » (YSL), affilié aux « Bloods » et dirigé par le rappeur lui-même.
Jeudi 31 octobre, Young Thug, célèbre rappeur américain, a retrouvé sa liberté après avoir reconnu sa participation à des activités de gang. Cela met fin à un long procès complexe axé sur le crime organisé qui avait débuté il y a près de deux ans, et qui a été marqué par de nombreux rebondissements. Jeffery Lamar Williams, de son vrai nom, âgé de 33 ans, est désormais libre d’après les archives publiques du système carcéral de l’État de Géorgie, situé dans le sud-est des États-Unis.
Selon le New York Times, le rappeur a écopé d’une peine de 15 ans de probation, à laquelle s’ajoute la durée qu’il a passée en prison depuis son arrestation en mai 2022. Young Thug a été libéré après avoir reconnu sa culpabilité devant un tribunal d’Atlanta, la capitale de la Géorgie. Il a été accusé de six chefs d’accusation, parmi lesquels figure la possession de drogues et d’armes, ainsi que sa participation à une organisation criminelle.
Les autorités affirment que le label du rappeur, « Young Stoner Life Records », servait de couverture pour une faction du gang connu sous le nom de « Bloods », surnommée « Young Slime Life » ou YSL. Ce groupe aurait été impliqué dans plusieurs meurtres, trafic de drogues, et vols de voitures violents, avec Young Thug à sa tête. La procureure Adriane Love avait déclaré lors de sa déclaration liminaire du 23 novembre 2023, que « les preuves démontreront qu’YSL remplit tous les critères d’un gang criminel de rue. »
Rebondissements et controverses
Le procès s’est révélé riche en rebondissements. Le juge Ural Glanville, qui avait supervisé une sélection de jurés durant dix mois ainsi qu’une audience de huit mois, a dû se retirer en juillet. Cette décision faisait suite à l’organisation d’une rencontre avec les procureurs et un témoin clé, sans la divulguer aux autres parties impliquées. Un autre juge, Paige Reese Whitaker, a alors pris en charge l’affaire.
La procédure judiciaire concernant Young Thug, une icône du rap d’Atlanta, a soulevé de nombreuses questions. Les procureurs ont utilisé des paroles de chansons provenant de divers artistes, y compris Young Thug, comme preuves de criminalité. Cette approche a été qualifiée de raciste et d’atteinte à la liberté artistique par les défenseurs de la liberté d’expression et les experts en la matière. « Nous n’avons pas cherché les paroles pour résoudre l’affaire, mais nous avons trouvé les paroles alors que nous nous penchions sur l’affaire, » avait expliqué Adriane Love. Elle a cité des passages de la chanson Take it to trial, soulignant leur « ressemblance frappante avec des événements très réels et précis ». Les avocats de Young Thug ont tenté d’empêcher l’admission de ces paroles comme preuves, arguant qu’elles pourraient influencer les jurés de manière injuste.
Un pilier du rap
L’arrestation de Young Thug en mai 2022, connu pour des titres comme Best Friend, Hot ou Check, et lauréat d’un Grammy Award en 2019 comme co-auteur de This is America, élue meilleure chanson de l’année, a profondément ébranlé la scène hip-hop d’Atlanta. Il était parmi les 28 personnes accusées d’appartenir à cette organisation criminelle.
Né le 16 août 1991, Young Thug a grandi dans un quartier défavorisé d’Atlanta, devenue capitale du rap ces dernières années. Très jeune, il aspirait à devenir un « futur Lil Wayne », en hommage à une autre star du rap du sud qu’il admirait et qui est par la suite devenu à la fois son ami et son concurrent.
Connu pour ses rimes inhabituelles et son style caractéristique, il est devenu l’un des principaux représentants du genre trap. Young Thug a collaboré avec des artistes de renom tels que Drake, Travis Scott, Dua Lipa, Justin Bieber ou encore Elton John, consolidant ainsi sa place au sommet de la musique rap et pop.