Jeudi, le Parlement européen a donné son accord pour repousser d’une année l’application de la législation visant à lutter contre la déforestation. De plus, un groupe rassemblant des députés de droite et d’extrême droite a réussi à rendre le texte de loi encore plus flexible.
Un recul significatif pour la protection des forêts
Sur 42mag.fr, le jeudi 14 novembre, Marie Toussaint, eurodéputée écologiste, a critiqué vigoureusement la décision de repousser d’un an la mise en œuvre de la législation européenne visant à lutter contre la déforestation, et ce, avec un assouplissement des mesures initialement prévues. Elle estime que cet enjeu n’est pas seulement environnemental et climatique, mais touche aussi les communautés vivant dans ces régions boisées. Une partie de la droite et de l’extrême droite du Parlement européen s’est ralliée à cette décision, ce qui amplifie l’urgence de la situation, souligne-t-elle.
La déforestation, un obstacle majeur pour le climat
L’eurodéputée insiste sur le contexte actuel de perturbations climatiques et met en avant la problématique de la réduction de la couverture forestière, qui non seulement diminue la biodiversité, mais affecte également notre capacité à absorber le dioxyde de carbone (CO2). Elle déplore l’alliance manifeste entre la droite et l’extrême droite pour freiner, voire renverser, la dynamique du Pacte vert.
Les pressions politiques et économiques en jeu
Cette prise de position est, selon elle, motivée par des raisons purement électoralistes. Les orientations permettant d’appliquer ce texte auraient pu être établies dès mars 2024, laissant aux entreprises suffisamment de temps pour s’adapter. Marie Toussaint critique le retard pris par Ursula von der Leyen pour publier ces orientations, ce qui a permis aux industriels et à leurs lobbys d’obtenir ce délai.
« Le report d’un an de la loi européenne, c’est 800 000 terrains de football qui vont partir en fumée pendant l’année qui vient. »
Marie Toussaint, eurodéputée écologisteà 42mag.fr
Impact sur la déforestation et les secteurs commerciaux
L’objectif de cette législation est de minimiser la déforestation due au commerce de produits comme le café, le cacao, et le soja en Europe. Marie Toussaint souligne que des entreprises importantes comme Carrefour, Michelin, et Nestlé s’engagent déjà à appliquer cette législation, peu importe son caractère contraignant, à partir du 1er janvier 2025. Elle met en avant que les petits producteurs de pays tels que l’Indonésie, le Brésil, et le Vietnam souhaitent que l’Union européenne adopte rapidement des mesures pour protéger les forêts, car cela les préserve des grandes exploitations industrielles qui détruisent les forêts pour réduire les coûts de production.
Le défi du libre-échange et ses conséquences
Le report de cette législation représente pour Marie Toussaint un enjeu majeur en lien avec l’accord de libre-échange avec le Mercosur. Cet accord, selon elle, pourrait accentuer la déforestation de 25 % et nuire aux éleveurs européens, notamment français. Il est crucial de protéger l’économie locale et en particulier les agriculteurs, argue-t-elle. Ce report est, selon elle, un coup supplémentaire porté à ces acteurs économiques déjà fragilisés.
Penser la qualité et la protection des producteurs européens
Face aux discours arguant que les normes environnementales désavantagent l’Europe, l’eurodéputée défend la nécessité de promouvoir la qualité et d’assurer la protection des producteurs européens, afin qu’ils puissent exporter cette qualité mondialement. Avec l’ajustement et le report de la législation contre la déforestation, conjuguée à l’accord avec le Mercosur, l’Europe risque d’importer des produits de moindre qualité, ce qui porterait préjudice à l’environnement et aux droits des peuples indigènes vivant dans les forêts. Marie Toussaint appelle à la vigilance face à cette dépendance à une production extérieure qui s’exerce souvent au détriment des normes sociales et environnementales internationales.