La commission a voté en faveur de l’annulation de la réforme des retraites. Le sujet sera discuté à l’Assemblée le 28 novembre.
La commission en charge des affaires sociales à l’Assemblée a donné son aval pour l’abrogation de la réforme des retraites. Cette proposition, initiée par la France insoumise et soutenue par le Rassemblement national, sera mise en discussion le jeudi 28 novembre dans l’hémicycle, créant un nouvel obstacle pour le gouvernement.
« Il est absurde de vouloir renverser la réforme des retraites alors que tout le monde s’accorde à dire que la situation des finances publiques est déjà compliquée », s’exclame un conseiller de l’exécutif. Le gouvernement se fixe un but clair : empêcher les députés de voter en faveur de l’abrogation ce jeudi. Bien qu’un vote de l’Assemblée ne suffise pas à rendre la décision effective, car il faudrait passer par un long processus législatif, cela porterait un coup sévère à l’autorité du gouvernement. En 2023, la réforme établissant la retraite à 64 ans n’a pas été validée par un vote, mais imposée par l’article 49.3. Si l’Assemblée devait voter pour la première fois sur cette question et que le résultat était négatif, les tenants de la réforme auraient du mal à justifier leur position auprès du public.
Pour éviter ce vote, le gouvernement semble préparer une stratégie, tant du côté des soutiens de Macron que des Républicains. Cette stratégie, que certains comparent à de l’obstruction, bien que le terme soit rejeté par eux, repose sur le déroulement des débats au sein de la niche parlementaire contrôlée par les insoumis, qui fixent l’ordre du jour. Une niche est un créneau parlementaire particulier où les décisions doivent être prises avant minuit, faute de quoi l’opportunité disparaît. Ainsi, le plan envisagé serait de prolonger les discussions pour éviter le vote, en introduisant de nombreux amendements. Comme le souligne une députée de la majorité : « c’est une manœuvre assez grossière, avec une forte présence et une agitation maximale ».
Le RN menace de faire tomber le gouvernement
La question des retraites vient également compliquer une période déjà délicate pour le Premier ministre, qui doit aussi faire face à la grogne des agriculteurs, la révolte des maires contre les réductions budgétaires, et la menace de censure brandie par le RN. « La situation n’est pas simple », confie l’un des proches collaborateurs de Michel Barnier. Marine Le Pen n’écarte pas l’idée de soutenir une motion de censure avec la gauche juste avant les fêtes de Noël. Cela provoque des réactions variées parmi les partisans de Barnier. Certains, habitués aux tensions politiques, pensent qu’il s’agit simplement d’un coup de poker de la part du RN, désireux de reprendre la main après les récentes accusations judiciaires à l’encontre de Marine Le Pen. D’autres, plus pessimistes, estiment que « nous allons bientôt chuter », s’inquiète un membre de l’exécutif, argumentant que « le RN et LFI cherchent à créer le chaos ».