À partir de lundi, le Premier ministre a prévu de rencontrer les dirigeants des groupes parlementaires. Cette démarche intervient dans un contexte où l’on craint que le Rassemblement national ne soutienne la motion de censure que la gauche a l’intention de déposer.
Michel Barnier se retrouve dans une situation délicate, jouant l’avenir de son équipe gouvernementale sur la mise en place du budget. Afin d’échapper à une motion de censure, il engage une série de discussions stratégiques avec les dirigeants des groupes parlementaires d’opposition entre le lundi 25 et le jeudi 28 novembre. Chaque partie a ses propres approches et intentions. Marine Le Pen, accueillie dès le lundi matin, affiche déjà une certaine impatience.
D’après son entourage, Michel Barnier n’a jamais invité Marine Le Pen à Matignon auparavant. Elle qualifie cette situation de « complètement déconnectée de la réalité ». En effet, même si la dirigeante des députés du Rassemblement National (RN) a eu droit à des échanges téléphoniques respectueux de la part du Premier ministre, et bien que certains membres du RN aient été reçus à Bercy, cela n’équivaut pas à un véritable dialogue parlementaire, comme le soulève un député du RN : « Dialoguer autour d’un thé avec un ministre ne suffit pas à faire des négociations parlementaires ». Ce député en question regrette même les méthodes de Bruno Le Maire. « Que cet entretien intervienne à ce moment précis en dit long… », précise un cadre du parti qui décrit un Premier ministre en grande difficulté, contraint de discuter avec le RN pour éviter la censure.
Marine Le Pen s’avance donc ce lundi, forte de ses « lignes rouges », en déclarant : pas question de toucher au pouvoir d’achat des classes moyennes et populaires. Sa principale requête est de maintenir les taxes sur l’électricité au même niveau. « Une requête pas déraisonnable », consentirait une membre du gouvernement, tout en reconnaissant l’impact financier d’une telle mesure. « En fin de compte, le RN ne cherchera pas à censurer pour une question de fond, mais bien par stratégie », prédit un ministre.
Mathilde Panot fait son entrée également lundi
Résolue, la cheffe des députés insoumis doit se rendre à Matignon plus tard dans la journée pour proposer à Michel Barnier un budget radicalement différent. Mathilde Panot plaide pour un bouleversement complet, bien au-delà des simples « lignes rouges ». « Je doute qu’un terrain d’entente puisse être trouvé », confie-t-elle. Dialogue de sourds en prévision. Mathilde Panot considère que « ce gouvernement est sans légitimité » et se prépare à voter en faveur de la censure, quoi qu’il advienne.
Michel Barnier aura par ailleurs des discussions avec les socialistes ce mercredi, un autre groupe dont le soutien pourrait épargner le gouvernement d’une censure. Boris Vallaud, chef des députés PS, se positionne en faveur d’un budget proche de celui proposé par Mathilde Panot, cependant, le ton est différent. Il évoque un « esprit de responsabilité ». « Michel Barnier prétend être un homme de compromis et de dialogue », rappelle Boris Vallaud.
Dans cet esprit, quelques espoirs naissent au sein du gouvernement. « Le rôle des socialistes est crucial », insiste la porte-parole. Cependant, dimanche, l’entourage de Boris Vallaud a mis un bémol à cet optimisme. « Les discussions peuvent s’ouvrir, mais il faut que cela soit de manière réellement substantielle. Nous n’allons pas accepter nos votes en échange de concessions dérisoires », résume un député socialiste.