Sans disposer d’une majorité au sein de l’Assemblée nationale, l’ex-commissaire européen, destitué mercredi soir, n’aura occupé le poste de Premier ministre à Matignon que pendant deux mois et 29 jours.
Voici l’article réécrit :
En moins de trois mois, Michel Barnier et son équipe gouvernementale ont été mis en difficulté. Après avoir invoqué l’article 49.3 pour faire passer le projet de loi de financement de la Sécurité sociale, ils ont été désavoués, le mercredi 4 décembre, par une majorité à l’Assemblée nationale. En effet, le Nouveau Front populaire a déposé une motion de censure qui a été approuvée par 331 députés, dépassant ainsi la barre de la majorité absolue fixée à 288 voix.
Bien qu’Emmanuel Macron puisse encore décider de maintenir Michel Barnier à son poste, ce vote de défiance pousse le Premier ministre à démissionner. Ce départ fait de lui le chef de gouvernement le plus éphémère de la Ve République.
Michel Barnier avait été désigné par Emmanuel Macron le 5 septembre 2024. Âgé de 73 ans et ayant fait ses preuves en tant que commissaire européen, il vient du parti Les Républicains. Son séjour à Matignon, d’une durée de deux mois et 29 jours, le place en bas du classement des durées des mandats de Premiers ministres sous la Ve République. Sa durée au pouvoir a même été inférieure à celle de Bernard Cazeneuve (5 mois et 9 jours) et Gabriel Attal (7 mois et 27 jours), qui étaient précédemment les Premiers ministres au mandat le plus bref.
En comparaison, les chefs de gouvernement les plus pérennes ont été Georges Pompidou, avec un mandat de 6 ans, 2 mois et 27 jours sous Charles de Gaulle, et François Fillon, qui a servi 4 ans, 11 mois et 22 jours sous la présidence de Nicolas Sarkozy. Quant à Jacques Chirac, il a assumé cette fonction à deux reprises, sous Valéry Giscard d’Estaing puis sous François Mitterrand.
Un mandat de plus en plus fragile
Depuis qu’Emmanuel Macron a été élu en 2017, cinq Premiers ministres se sont succédé, leur temps en fonction devenant de plus en plus court : Edouard Philippe (3 ans, 1 mois et 18 jours), Jean Castex (1 an, 10 mois et 13 jours), Elisabeth Borne (1 an, 7 mois et 24 jours), suivis de Gabriel Attal et enfin Michel Barnier.
La désignation de Barnier clôturait deux mois d’incertitude suivant les législatives anticipées du 7 juillet, marquées par l’absence d’une majorité claire à l’Assemblée nationale, rendant la formation d’un gouvernement complexe. Dès le début, le terme de Barnier à Matignon paraissait fragilisé, avec une opposition de gauche lui promettant une censure et le Rassemblement national exprimant une vigilance constante à son égard.