À la suite de l’effondrement de l’administration Barnier, les socialistes, les écologistes et les communistes soutiennent la proposition d’un accord de non-censure avec le groupe central, ce qui déplaît fortement à La France insoumise. Les membres du Parti socialiste ont rendez-vous ce vendredi à l’Élysée pour discuter de la situation.
Un changement stratégique s’amorce. Après la chute du gouvernement de Michel Barnier, provoquée par le vote de censure mercredi 4 décembre grâce au Nouveau Front populaire et au Rassemblement national, certains à gauche se montrent ouverts à un pacte de non-censure avec les partisans de l’ancienne majorité. Les socialistes ont même été conviés à l’Élysée pour des discussions prévues vendredi 6 décembre. Les couloirs de l’Assemblée nationale sont le théâtre de nombreux échanges : textos, appels téléphoniques et conversations rapides. Selon 42mag.fr, Marc Fesneau, qui dirige les députés centristes, dialogue avec son équivalent socialiste Boris Vallaud, ainsi qu’avec les écologistes et les communistes, dès les premières heures qui ont suivi le vote de censure.
« Échapper à l’emprise Le Pen-Mélenchon »
Au cœur de ces discussions se trouve la proposition d’un accord de non-censure. Ce concept implique que les députés trouvent des terrains d’entente pour éviter de renverser le futur Premier ministre, et ainsi se dégager de la tourmente politique actuelle. « Ils tâtonnent, indique un stratège du centre, avec pour objectif de maintenir le cap quelques mois et de se libérer de l’emprise Le Pen-Mélenchon ». Au nombre des consensus potentiels : la proportionnelle. Même sur le dossier sensible des retraites, un compromis pourrait émerger : au lieu d’une suppression, une nouvelle mouture pourrait être envisagée, selon un député MoDem. Chaque camp possède cependant ses positions non négociables. La gauche, par exemple, rejette catégoriquement l’usage du 49.3 et s’oppose à une loi sur l’immigration.
Ces pourparlers pourraient bien convenir à deux figures dont le nom a été cité pour le poste de Premier ministre, à savoir François Bayrou, le leader du MoDem, et Bernard Cazeneuve, socialiste. Le président de la République cherche un Premier ministre capable de rallier une majorité ; si l’un ou l’autre parvient à conclure un accord, ce serait un atout majeur. Bernard Cazeneuve multiplie par ailleurs les contacts avec les parlementaires. Une rencontre avait été organisée il y a deux semaines avec des députés de différentes tendances, incluant MoDem, PS, et des membres de la droite, au Palais-Bourbon. Une coïncidence de calendrier a permis à lui et François Bayrou de partager une scène lors d’un colloque jeudi 5 décembre, après une réunion en privé un peu plus tôt.
La gauche continue de militer pour qu’un socialiste soit nommé Premier ministre, bien que certaines figures, telles qu’Olivier Faure, à la tête du PS, continuent de s’opposer à Bernard Cazeneuve. Néanmoins, quelques socialistes soutiennent sa candidature, sachant qu’il entretient de solides relations au MoDem, tout comme François Bayrou avec le PS. Un cadre du PS confiait même à 42mag.fr : « Je préférerais un socialiste. Ensuite, je choisirais François Bayrou plutôt que Bruno Retailleau. Nous ferons avec ce que nous avons ».
En revanche, La France Insoumise refuse catégoriquement tout arrangement avec les macronistes et persiste à exiger la démission d’Emmanuel Macron. Le dialogue entre le PS, les écologistes, et les communistes et l’ancienne majorité marginalise les insoumis. C’est une occasion en or pour eux de prendre leurs distances. En stabilisant l’Assemblée, le risque d’une dissolution serait écarté, et il ne serait plus nécessaire de s’allier avec Jean-Luc Mélenchon pour conserver leurs sièges.