Dans l’attente de désigner un nouveau Premier ministre, Emmanuel Macron a prévu de rencontrer mardi les différents partis politiques, à l’exception du RN et de LFI, dans le but de progresser. Divers noms de potentiels successeurs à Matignon sont évoqués, soutenus en arrière-plan par divers proches ou par l’Élysée.
À peine une semaine après la destitution du gouvernement dirigé par Michel Barnier, renversé par un vote de défiance le mercredi 4 décembre, plusieurs personnalités sont déjà évoquées pour prendre la tête de Matignon. Parmi elles, on retrouve François Bayrou, Bernard Cazeneuve, Sébastien Lecornu, Catherine Vautrin, Didier Migaud, Bruno Retailleau, François Barouin, et David Lisnard. Bien que ces noms soient régulièrement cités dans les médias, un conseiller affirme que tout cela n’est « que du vent« , car personne ne connaît véritablement le choix du président. Le chef de l’État prévoit de rencontrer les partis politiques le mardi 10 décembre à l’Élysée pour convenir d’« une méthode » dédiée à la formation du nouveau gouvernement, tout en excluant LFI et le RN.
La diffusion de ces suppositions prend souvent forme simplement par le biais d’appels téléphoniques passés à des journalistes influents. Lors de ces conversations, on passe en revue l’actualité, pour ensuite glisser habilement le nom d’un préféré, souvent accompagné d’arguments destinés à démontrer qu’il s’agit du candidat idéal. Concernant François Bayrou, trois raisons principales circulent : son soutien à Marine Le Pen en 2022, sa promotion de la proportionnelle, et sa récente relaxe. Ce sont là des arguments soigneusement élaborés et répétés par ses partisans en privé.
Positionnement stratégique et évaluations discrètes par l’Élysée
Quel bénéfice à propager ces noms ? Pour les intéressés, c’est une façon d’envisager Matignon, voire, pour leur entourage, de se projeter sur d’éventuelles opportunités professionnelles à venir. Pour l’Élysée, cela constitue un moyen de tester diverses hypothèses et d’analyser leur réception dans les médias et parmi les commentateurs politiques. Ce procédé permet également d’évaluer les réactions des autres forces politiques et de détecter toute opposition susceptible de mener à une nouvelle motion de censure. Par exemple, après un blocage posé par le RN, l’option de Xavier Bertrand a été écartée dès l’été précédent.
L’objectif est, en permanence, d’élaborer une stratégie. Il est fréquent que certains avancent le nom d’un candidat avec l’intention de le discréditer ou d’affaiblir un autre prétendant. Il semblerait, selon certaines sources, que le député Gérald Darmanin d’Ensemble pour la République et Gabriel Attal, chef des macronistes à l’Assemblée, soutiennent la candidature de Catherine Vautrin, une ancienne membre des Républicains, dans le but de déstabiliser Sébastien Lecornu, un collègue qui pourrait devenir un rival important pour l’élection présidentielle de 2027. L’entourage de Gabriel Attal réfute cependant ces rumeurs, les qualifiant de « rumeurs infondées ». Il reste bien connu que plus un nom est mis en avant, plus ses chances d’être mis de côté augmentent. C’est d’ailleurs ce qui s’est passé pour les candidatures d’Élisabeth Borne, Gabriel Attal, et Michel Barnier, leurs noms n’ayant émergé que très peu de temps avant qu’ils ne soient finalement choisis.