Le chef de file des Insoumis exhorte ses partenaires du Nouveau Front populaire à retrouver leur sens de la réalité et à revenir au bercail, dans l’espoir de déclencher une élection présidentielle anticipée.
Peu importe qu’il n’y ait plus de Premier ministre ou de budget, à l’approche de Noël. Tandis que l’ensemble de la classe politique cherche à trouver des compromis pour sortir de l’impasse, notamment lors des consultations organisées par Emmanuel Macron à l’Élysée le mardi 10 décembre, le chef des Insoumis reste fixé sur une élection présidentielle anticipée comme unique solution. « Nous allons faire partir monsieur Macron, et il partira soit parce qu’il comprendra que son honneur et sa responsabilité envers l’histoire du peuple français en dépendent, soit contraint par le vote populaire », a affirmé Jean-Luc Mélenchon lors d’un rassemblement à Redon (Ille-et-Vilaine) le lundi 9 décembre, faisant clairement référence à la destitution qu’il prône. Sur scène, il a précisé qu’il n’avait pas « l’intention obsessionnelle » de se présenter à la présidentielle. Ces paroles semblent toutefois contredites par ses propos aux journalistes présents : « Il faut se préparer et agir vite ».
« Une campagne sans fin »
Pour nombre de ses camarades de gauche, il est impatient et se sent pressé par le temps. Une élection présidentielle anticipée lui permettrait de gagner deux précieuses années, un atout inestimable en politique quand on a 73 ans. Mélenchon n’a pas encore digéré sa troisième déroute en 2022, d’où son agitation actuelle et sa préparation minutieuse, accompagnée par une stratégie bien définie. Faire preuve de coopération avec les macronistes n’est pas à l’ordre du jour. « Il opte pour une politique de noyau dur, observe un député socialiste, il ne cherche pas à élargir son socle électoral, il le renforce. »
Jean-Luc Mélenchon mise ainsi sur le désaveu d’Emmanuel Macron manifesté par une fraction de l’électorat. Sa grande stratégie est de diviser pour mieux se présenter en tant que candidat indispensable pour la gauche. Son appel à la démission semble gagner du terrain, en témoigne la déclaration du maire LR de Meaux, Jean-François Copé, sur 42mag.fr. Sur le terrain, son parti, La France Insoumise, est déjà en pleine campagne électorale. « Nous faisons du porte-à-porte sans relâche, déclare l’un de ses proches à 42mag.fr, tel un hamster dans sa roue, nous sommes en campagne permanente. »
Le reste de la gauche observe la situation sans beaucoup réagir. « La bête est tenace, Jean-Luc Mélenchon sait qu’il est une bête politique, au même niveau que Sarkozy ou Mitterrand », affirme un poids lourd du Parti socialiste. Au PS, chez les Verts ou les communistes, nombreux sont ceux qui reconnaissent qu’aujourd’hui seul Mélenchon semble prêt en cas de scrutin imminent. Bien qu’Emmanuel Macron martèle qu’il n’a aucune intention de se retirer, ses adversaires savent qu’il n’ont pas d’alternative crédible face à l’insoumis. L’idée d’une candidature commune progresse, mais peine à se concrétiser. Mélenchon a un vaste horizon devant lui, mais d’après plusieurs figures de la gauche, le Rassemblement National pourrait sans doute triompher dans un duel.