Devant les membres du conseil municipal de Pau, où il exerce les fonctions de maire depuis une décennie, le Premier ministre tout juste nommé a décrit comme une « erreur » la loi interdisant aux parlementaires de cumuler plusieurs fonctions, règle qui a été mise en place en 2014 sous le mandat de François Hollande.
François Bayrou aspire à une révision de la loi interdisant le cumul des mandats. Lors d’une soirée marquante le lundi 16 décembre, il a annoncé cette intention depuis le conseil municipal de Pau, une ville dont il est le maire depuis une décennie et qui est symbolique pour lui sur le plan politique. L’interdiction du cumul des mandats est une mesure que François Bayrou a toujours considérée comme une « erreur » et qu’il juge nécessaire de corriger.
Cette interdiction découle d’une loi de 2014, adoptée sous la présidence de François Hollande, qui empêche de cumuler une fonction parlementaire – qu’il s’agisse de député, sénateur ou député européen – avec un poste exécutif local, tel que maire, président ou vice-président d’un conseil départemental ou régional. Bien que François Bayrou, en tant que maire, ne soit pas directement concerné par cette loi, contrairement à Édouard Philippe et Jean Castex qui ont renoncé à leurs mandats locaux pour être Premiers ministres, il souhaite rouvrir ce débat lors de sa déclaration de politique générale à l’Assemblée nationale.
La connexion des élus avec les électeurs
Son argumentaire est bien préparé : selon lui, l’interdiction du cumul a intensifié la crise de la représentation politique en éloignant les élus de leur base électorale. François Bayrou affirme que cette loi a érigé un « mur de verre » entre les citoyens et leurs représentants. En conséquence de cette mesure, les parlementaires, dépourvus de compétences à l’échelle locale, seraient déconnectés des réalités quotidiennes des Français. Cette critique semble résonner de plus en plus fort, surtout dans un contexte où la légitimité des élus nationaux est mise en question, un phénomène intensifié par le mouvement des Gilets jaunes. Bayrou insiste sur la nécessité de « réenraciner les responsabilités politiques dans les villages et les villes », tout en négligeant le fait qu’un parlementaire peut simultanément être conseiller municipal, départemental ou régional. De plus, cette proposition n’est pas lancée à un moment fortuit.
Elle suggère une critique implicite des sept années de gouvernance sous Emmanuel Macron. Depuis 2017, la gouvernance macroniste est souvent accusée d’avoir placé au Parlement et au sein du gouvernement des responsables perçus comme « déconnectés », souvent technocrates, hauts fonctionnaires surdiplômés ou cadres venant du secteur privé sans enracinement local. En mettant en avant sa proposition, Bayrou se distingue ainsi. De plus, à un moment où le Premier ministre cherche à rallier les groupes parlementaires qu’il reçoit à Matignon pour renforcer son soutien politique, plaider pour le retour du cumul peut être une stratégie efficace pour augmenter sa popularité parmi les parlementaires.