Quinze jours après que le gouvernement dirigé par Michel Barnier a quitté ses fonctions, le débat concernant la formation d’un nouveau cabinet reste actif entre l’Elysée et Matignon. Les tensions sont de plus en plus palpables.
Une semaine agitée pour François Bayrou
Lundi soir, depuis la ville de Pau, François Bayrou a exposé son plan consistant à mettre en place un gouvernement durant la semaine, soulignant cependant qu’il était nécessaire pour Emmanuel Macron d’être présent. Le Président était quant à lui engagé dans une série de déplacements : une visite à Lyon mardi après-midi, suivie d’un sommet et d’un Conseil européen étalés sur mardi et mercredi. Puis, il devait s’envoler pour Djibouti afin de célébrer Noël avec les troupes en mission, avant de poursuivre son voyage en Éthiopie. À cet agenda déjà chargé s’ajoutait désormais une visite indispensable à Mayotte.
Face aux critiques, le Président de la République a pris un moment pour recevoir le Premier ministre à la mi-journée, dans son bureau, afin de l’inciter à présenter une première ébauche de la structure gouvernementale. François Bayrou souhaite avancer rapidement, mais les difficultés liées à la crise à Mayotte, combinées à la complexité des discussions avec différents groupes politiques et les échanges avec l’Élysée, rendent la tâche ardue, selon plusieurs conseillers du pouvoir, lundi.
L’entourage de Laurent Wauquiez a déjà fait savoir à 42mag.fr que rien n’était assuré, et Les Républicains ont demandé un nouvel entretien. Ce matin, le Premier ministre a rencontré ses alliés du Modem et les écologistes. Il lui reste encore à dialoguer avec les représentants d’Horizons, les indépendants de Liot, les communistes, ainsi qu’Éric Ciotti, désormais allié à Marine Le Pen. Alors que certains redoutaient de devoir attendre janvier pour voir des progrès, d’autres spéculent désormais sur des nominations dès ce vendredi.
Controverses autour de la gestion de roles de François Bayrou
En attendant, François Bayrou s’est rendu seul à l’Assemblée nationale pour répondre aux questions des députés, malgré les interrogations suscitées par son installation à Matignon. Son choix de commencer par un déplacement à Pau peut sembler surprenant compte tenu du contexte. En effet, lundi soir, il a présidé le conseil municipal alors qu’une réunion de crise se déroulait au sujet de Mayotte. Il était à distance pendant que le Président reprenait la main… « Il aurait mieux valu être sur place pour gérer l’urgence et faire une visioconférence avec Pau », suggère un spécialiste en communication. À moins de justifier un partage des rôles, ce qui n’a pas été fait non plus.
Ce choix est d’autant plus critiqué que l’élu de Pau, bien qu’il ait décidé de conserver son mandat de maire (ce qui est légalement possible), a soudainement changé de position en prônant le cumul des mandats pour les parlementaires. Cette rupture avec sa ligne politique traditionnelle a été perçue comme un signal envoyé à la droite, mais elle a causé des remous parmi ses premiers soutiens, notamment les macronistes. Certains évoquent même une erreur politique.
L’entourage de François Bayrou a annoncé aujourd’hui qu’il ne prononcera pas son discours de politique générale avant le 14 janvier. Le nouveau Premier ministre n’a pas non plus fait d’apparition dans le journal télévisé de 20h, une traditionnelle étape que ses prédécesseurs avaient l’habitude de marquer. Répondre aux questions des députés constitue sa première véritable opportunité de s’adresser directement aux Français.