France 2 organise une émission dédiée au problème préoccupant de la soumission chimique, à la suite du procès très médiatisé concernant les viols survenus à Mazan.
Lilwenn, qui a actuellement 15 ans, a enduré les sévices sexuels infligés par son père pendant de longues années. Ces agressions se déroulaient alors qu’elle était sous l’effet d’un somnifère, administré dans le but de la rendre soumise par des moyens chimiques. Ce processus macabre, qui efface la mémoire des victimes, a refait surface médiatiquement lors du procès concernant les viols survenus à Mazan, amplifié par le témoignage poignant de Gisèle Pelicot.
Le film documentaire Soumission chimique : pour que la honte change de camp, orchestré par Linda Bendali et présenté le mardi 21 janvier sur France 2 à 21h10, examine en profondeur ces événements tragiques devenus des symboles de notre société. Porté par les paroles et l’engagement de Caroline Darian, la fille de Gisèle Pelicot, qui milite avec son association depuis quatre ans pour sensibiliser les autorités à l’ampleur de ce phénomène, le documentaire s’appuie sur de nombreux témoignages de victimes. Ce film collectif explore le modus operandi des agresseurs, souvent subtil et inquiétant. Il illustre aussi que ces crimes sexuels touchent des individus de toutes origines sociales.
« Chaque fois que ma mère était absente, il en profitait »
Pour Lilwenn, les agressions ont débuté alors qu’elle n’avait que 9 ans. « Lorsque ma mère partait au travail, mon père en profitait, raconte-t-elle dans le documentaire. Après la séparation de mes parents, lors des week-ends passés chez lui, je partageais son lit. (…) Les câlins du soir faisaient partie du rituel… »
La jeune fille avait pris l’habitude de consommer un yaourt aux fruits chaque soir, préparé par son père. « Quand il revenait avec le dessert, la cuillère était déjà dedans, l’opercule retiré, poursuit Lilwenn. [Il était] mélangé, car dès la première bouchée, le goût était réellement étrange. » Les sévices se sont poursuivis durant plusieurs années, même si en grandissant, Lilwenn a tenté de rejeter son père. « Lilwenn opposait souvent un refus à ses avances, [se souvient-elle] (…). Pour lui, c’était plus simple de la droguer pour qu’elle dorme », explique Sandrine, sa mère.
Un documentaire revient sur la soumission chimique mise en lumière lors du procès des viols de Mazan.
(CAPA (Newen Studios))
À l’âge de 13 ans, Lilwenn confie finalement à sa mère les viols qu’elle subissait depuis des années. Sandrine, sa mère, dépose plainte sans délai contre son ex-époux. Une enquête est engagée pour démontrer que Lilwenn a été droguée. Un test capillaire est pratiqué en laboratoire sur la jeune fille. « Lilwenn ne devait en aucun cas sécher ou lisser ses cheveux à cause de la chaleur [qui pourrait fausser les résultats]. Ni les colorer, précise sa mère. Et surtout aucun médicament ne devait être pris pour identifier la molécule précise utilisée. »
Quinze années d’emprisonnement
Trois mois après le début des analyses, il fut confirmé que Lilwenn avait effectivement été empoisonnée avec un somnifère disponible sans prescription en pharmacie. « Ce médicament est interdit aux jeunes de moins de 15 ans », s’indigne sa mère. Les cheveux longs de sa fille ont permis aux experts de remonter leurs recherches jusqu’en 2018, quand Lilwenn avait juste 9 ans.
« Au fil des années, le dosage a considérablement augmenté jusqu’à la découverte [des faits] en 2021. Les périodes où les quantités atteignent des sommets correspondent aux vacances scolaires. »
Sandrine, mère de LilwennDans le documentaire « Soumission chimique : pour que la honte change de camp »
Le père a rapidement admis les gestes d’agression sexuelle, mais continue de nier avoir administré des substances à sa fille. Selon Sandrine, cela constitue une tentative d’échapper à une circonstance aggravante reconnue par la législation. Les résultats des tests sur les cheveux ont confirmé le récit de la jeune fille, qui, sans cela, aurait pu ne pas être crue. Le verdict tombé, son père écope de quinze ans de prison pour des viols avec administration de somnifères.
Le documentaire Soumission chimique : pour que la honte change de camp, réalisé par Linda Bendali, sera diffusé le mardi 21 janvier à 21h10 sur France 2 ainsi que sur la plateforme france.tv.